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années du xviiie siècle, vers 1796. Mais des documents incontestables en confirment l’existence bien avant cette date. En 1778, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert donne une description très précise du composteur en usage à cette époque ; en 1771, l’inventaire de l’imprimerie François Le Tellier (de Chartres) mentionne « trois composteurs, dont un de cuivre » ; et, en 1638, soit un siècle plus tôt, un acte de vente de Pierre Cattereau énumère, parmi les objets du matériel typographique, « troys composteurs de cuivre, ung de fer et troys de boys ».

Le corps du composteur est constitué par deux lames de métal d’égale longueur, assemblées à angle droit ; à l’extrémité droite — le composteur étant tenu dans la position normale qu’il occupe au cours du travail — il est terminé par une partie fixe, le talon de justification ; un second talon, parallèle au premier, et plus proprement appelé languette ou glissière, est constitué, par une pièce mobile : la languette coulisse à volonté sur toute la longueur du composteur ; elle peut être maintenue en place par une vis de pression ou par un levier.

Il est indispensable que le talon et la languette soient rigoureusement parallèles : un composteur défectueux ou faussé occasionne des irrégularités de justification auxquelles il est nécessaire de remédier par un travail supplémentaire dont les résultats ne sont pas toujours satisfaisants et ne sauraient être comparés au travail obtenu de premier jet avec un outil irréprochable.

Les constructeurs fournissent des composteurs de longueurs et de dimensions diverses : la longueur varie de 23 centimètres et au dessous jusqu’à 0m,80 et même 1 mètre ; les dimensions vont de 1 douze jusqu’à 12 douzes. Les composteurs utilisés pour la composition courante des labeurs ont généralement 0m,25 de longueur environ et de 6 à 8 douzes comme dimension.

La longueur et la largeur d’un bon composteur ne doivent pas être exagérées : il ne faut pas oublier en effet que le poids est fonction de ces dimensions, et qu’il est une cause de fatigue pour la main et le bras de l’ouvrier, d’autant plus accentuée que la quantité de composition contenue par le composteur est plus considérable.

Le composteur à dimensions réduites a cet avantage de diminuer le poids de composition à soutenir par le typographe ; par contre, il offre le réel inconvénient d’obliger à vider plus fréquemment dans la galée les lignes de composition, ce qui conduit à une perte de temps parfois fort préjudiciable.

a) Il existe des composteurs à deux ou plusieurs divisions de justifications, c’est-à-dire à languettes mobiles multiples donnant pour chaque