Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À l’apparition de l’imprimerie, « les nombres furent désignés dans les livres par des lettres bas de casse et capitales, en caractères soit du type gothique, soit du type romain, selon que l’ouvrage était imprimé avec l’un ou l’autre de ces types » :

Mdccclxxiij (1878),xxxxxxxxxxMDCCCLXXVIII.

« Les lettres servaient aussi pour l’ordre numérique des notes, des additions marginales et pour les signatures. »

Le premier ouvrage connu, De remediis utriusque fortunæ, où les feuillets soient numérotés avec des chiffres dits arabes, aurait été imprimé à Cologne, en 1471.

Jean de Westphalie fit usage de ces mêmes chiffres, en 1474, dans un volume intitulé Solemnis et aurea lectura.

Dans un travail, la Divine Proportion, paru à Venise en 1509, « la pagination par feuillets est indiquée avec des chiffres dits arabes ; tous les nombres sont composés avec ces mêmes chiffres ; et on remarque dans le texte une très grande quantité de fractions en chiffres microscopiques ».

En France, dans son manuel typographique, la Science de l’Imprimerie, paru en 1723, Dominique Fertel indique qu’on doit mettre ainsi les signatures à la première feuille d’un in-8, par feuille entière : « A, à la première page ; Aij, à la troisième page ; Aiij, à la cinquième ; Aiiij, à la septième. »

Il ne faut point s’étonner de voir une telle règle encore en usage à cette date. Si nous en croyons M. Th. Beaudoire, en notre pays, les chiffres dits arabes ne firent leur apparition, dans les livres, que vers les premières années du xvie siècle ; et à l’époque où écrivait Fertel, cette coutume de la numération littérale, dont nous-mêmes avons conservé quelques traces, n’était point encore disparue.


§3. — Forme des chiffres arabes


1. Pour donner plus de lisibilité à leur numération, les graveurs avaient imaginé, à l’instar des Arabes qui avaient adopté des grandeurs différentes pour leurs chiffres, de graver leurs types avec des calibres et des alignements différents, c’est-à-dire de faire des chiffres mixtes :

Peut-être est-ce à la suite de cette innovation que fut donné aux chiffres mixtes le nom de chiffres arabes, et celui de chiffres romains aux lettres numérales, pour établir, dans le langage typographique, une distinction entre ces deux genres de numération. Cette opinion est d’autant plus vraisemblable que, lors de l’apparition de chiffres ayant un même calibre d’œil, ou plutôt un alignement régulier de la base ainsi que du sommet, on baptisa ceux-ci du nom de chiffres anglais :