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ler en première ligne, en 1847, M. Vincent, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Mais le système péniblement édifié par ce savant a trouvé, à son tour, des contradicteurs qui ont fait naître des doutes nombreux sur le bien-fondé d’une théorie dont l’exposé nous entraînerait trop loin.

De ce qui vient d’être dit on peut conclure : les Européens ont adopté presque toutes les formes des chiffres sanscrits : d’après M. Beaudoire, ils connurent donc le système numéral des Hindous ; si notre « numération nous venait des Arabes, nous aurions imité le dessin de leurs chiffres », et non point celui des chiffres hindous ; mais, selon M. Pihan, si « l’on retourne ou change quelques signes de place », il est aisé de « démontrer que nos chiffres dérivent des chiffres arabes » qui eux-mêmes proviennent des chiffres dévanagaris légèrement modifiés.

Plus simplement, M. Beaudoire pense que la numération européenne dérive directement de la numération hindoue ; M. Pihan affirme que celle-ci nous est parvenue par l’intermédiaire des Arabes qui l’imitèrent.


§2. — Introduction des chiffres dits « arabes »
en europe et leur emploi dans les livres


Introduits en Europe, au xe siècle, par le pape Sylvestre II (Gerbert d’Aurillac), premier pape français, les chiffres ne furent pas dès l’abord admis par tous les peuples européens ; leur forme devait d’ailleurs être souvent modifiée pour s’adapter à tous les genres d’écriture.

M. Natalis de Wailly, dans ses Éléments de Paléographie, a publié les plus anciennes formes de nos chiffres : nous allons les reproduire ici, pour fournir au lecteur un curieux et dernier moyen de comparaison :


Chiffres du commencement du xiie siècle.


xiiie siècle, avant 1270.


xive siècle, après 1367. — xve siècle, de 1427 à 1460.