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I

GÉNÉRALITÉS


§1. — Origine des chiffres dits « arabes »


Les nombres sont représentés, dans l’écriture manuscrite ou l’impression, par deux genres de chiffres bien différents : les chiffres appelés arabes, et les chiffres dits romains. Ces derniers sont les lettres — bas de casse, petites ou grandes capitales — de l’alphabet, auxquelles on est convenu d’accorder une valeur donnée ; les premiers, au contraire, sont des signes particuliers dont la seule fonction est de représenter une quantité déterminée.

Du fait que le qualificatif arabes a été appliqué à un genre de numération, on ne doit pas conclure nécessairement « que nous avons emprunté ces chiffres, tels que nous les traçons, aux Arabes, mais seulement que le mot a été accepté pour rappeler le souvenir du système entier de numération que ces peuples nous ont transmis », ou encore, si l’on veut, pour le simple motif de donner un nom à un système de numération différent de celui employé jusqu’alors.

L’origine même des dix caractères : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0, est assez obscure ; toutefois parmi les théories édifiées pour élucider cette question, on peut retenir d’abord celle que Théophile Beaudoire a exposée dans sa brochure Origine des signes numéraux.

D’après cet auteur, la numération chiffrée, ancêtre de notre numération actuelle, remonterait à l’époque de la civilisation indoue.

Quinze siècles avant l’ère chrétienne, les Brahmanes possédaient plusieurs recueils d’hymnes religieux, notamment le Rig-Veda, dont la fin de chaque verset porte un chiffre placé entre deux traits verticaux.

« Dans l’Hindoustan, les inscriptions d’Açoka Piyadasi (iiie siècle avant Jésus-Christ) contiennent des signes numéraux. Le plus ancien manuscrit sanscrit est précisément un traité d’arithmétique. »

Par contre, toujours d’après M. Beaudoire, les premiers manuscrits arabes qui nous sont parvenus ne datent guère que de l’hégire[1] (622 après J.-C) ; et les nombres y sont écrits avec des lettres numérales. Les Arabes tenaient ce genre de

  1. Cependant le Catalogue des manuscrits arabes de la Bibliothèque Nationale signale, page 432, 2° colonne, sous le 28° du numéro 24757 (qui se rapporte à un recueil de 51 traités de mathématiques), une Lettre… sur les sections produites dans les paraboles et hyperboloïdes de révolutions, « copie datée du lundi 21 (râm-roûz) de Brahman de l’an 342 de Yazdadjird (janvier 372 de J.-C.). » Il est possible que des bibliothèques étrangères possèdent des manuscrits arabes plus anciens.