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un ancien orfèvre, dont le vrai nom était Francesco Giusto, se chargea d’exécuter les poinçons. Alde obtint d’abord, le 13 novembre 1502, du Sénat de Venise, puis, le 17 décembre de la même année, du pape Alexandre IV, le privilège de se servir seul, dans toute l’étendue du territoire italien, du caractère penché. Les premiers volumes imprimés avec ce type furent d’abord une édition de Virgile, datée d’avril 1501, puis les Cose volgari de Pétrarque.
xxxx De nos jours, chaque caractère romain, la plupart des caractères gras ou de fantaisie possèdent un italique qui leur correspond : l’œil est de même calibre, et l’alignement parfaitement observé.

En dehors des circonstances où l’usage de l’italique est généralement demandé par l’auteur lui-même, les cas dans lesquels l’italique doit être employé, d’office et sans aucune indication spéciale, sont assez nombreux[1] ; nous nous efforcerons de les énumérer de manière aussi complète que possible et de les coordonner dans l’ordre qui paraît le plus logique : 1° titres, qualités, noms et surnoms ; — 2° locutions et mots divers, lettres isolées ; — 3° langues étrangères ; — 4° enfin, l’article.


I

TITRES, QUALITÉS, NOMS ET SURNOMS


Il est d’usage, — de règle obligatoire, — ou il est préférable, dans la composition typographique, de mettre en italique :

1. Les titres d’ouvrages littéraires, scientifiques et philosophiques, de romans, de pièces de théâtre, de fables, d’œuvres musicales et autres, cités dans le courant du texte ou dans les notes :

Les maîtres y prenaient pour texte de leurs leçons les œuvres des poètes épiques et élégiaques, l’Iliade et l’Odyssée, les maximes philosophiques d’Hésiode, de Solon, etc.
xxxx Dans un autre de ses ouvrages, Liber Abuali Abincine de

  1. Il ne faut point perdre de vue cependant que dans un volume le trop fréquent emploi de l’italique peut conduire à un résultat contraire à celui cherché et voulu par l’auteur. Henri Fournier faisait à ce sujet la réflexion suivante : « L’italique est au romain ce que l’exception est à la règle ; il faut donc en réduire l’usage aux cas, sinon d’absolue nécessité, tout au moins d’une convenance bien appréciable. Il arrive que des auteurs, attachant à certains mots une importance particulière, une sorte de prédilection, pensent, en les soulignant, les recommander à l’attention spéciale des lecteurs. Cet expédient n’est quelquefois qu’un stratagème maladroit fait pour trahir la prétention qui l’a suggéré et pour produire un effet contraire à celui qu’on en attendait. »