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CHAPITRE XIV

DE LA DIVISION



1. Au cours de la composition, trois cas peuvent se présenter[1] dans la justification d’une ligne :

1° Le dernier mot entre complètement dans la justification : il ne reste que quelques espaces à jeter de-ci de-là pour régulariser l’espacement ;

2° Un blanc assez important reste en fin de ligne, insuffisant, cependant pour y loger entièrement le mot à composer : il faut alors désespacer légèrement, afin de trouver le blanc nécessaire ;

3° Enfin, le mot est d’une longueur trop grande pour que, même en désespaçant, il puisse entrer dans la justification ; d’autre part, le blanc dont on dispose est trop important pour qu’on songe, sans nuire au bon aspect de la composition et à la régularité de l’espacement, à le répartir dans la ligne composée. De toute nécessité il faut diviser le mot, c’est-à-dire le couper, le séparer en deux portions plus ou moins égales, dont l’une se trouvera rejetée à la ligne suivante.

Faire une division — telle est l’expression typographique consacrée — est donc s’essayer, par une coupure de mot, à obtenir dans une composition un espacement régulier et, par là, irréprochable. De ce fait, la division tire une importance considérable, car le résultat obtenu sera bon ou mauvais, suivant que la coupure aura été établie d’après les règles ou à l’encontre même des prescriptions qui forment le Code du typographe.

  1. « On justifie une ligne de prose en augmentant ou en diminuant les espaces, de manière à tomber juste à une fin de mot, ou à une bonne division, et en ayant soin que cette répartition des espaces soit toujours régulière. » (Fournier, Guide du compositeur, p. 140, éd. 1904.)

    « Suivant qu’il faille faire entrer ou reporter une fraction de mot — si ce n’est le mot lui-même — on espace en conséquence sans tomber dans l’exagération… » (E. Leclerc, Nouveau Manuel complet de Typographie, p. 113.)