Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des pleins admirablement proportionnés ; caractère genre anglais, plus maigre et avec des pleins moins gras ; enfin, caractère genre anglo-français, qui tient des deux précédents.

À ces caractères se rattachent une infinité de variantes dont, à l’œil, la lettre apparaît plus grasse, plus maigre, plus allongée ou plus étroite[1].

b) Le caractère elzévir[2] : ce type est tiré directement des caractères des inscriptions de l’ancienne Rome : son créateur fut le Français Nicolas Jenson qui l’employa pour la première fois à Venise vers 1468. La gravure de ce type, qui devait supplanter le gothique venu d’Allemagne, et même être le seul en usage dans les pays de langue romaine, du xvie au xviiie siècle, fut perfectionné peu à peu jusqu’au moment où la famille Elzevir, célèbres imprimeurs hollandais du xviie siècle, en fit un emploi exclusif pour l’impression de ses ouvrages. M. Beaudoire fut, en France, le rénovateur de ce caractère, et lui donna le nom sous lequel il est désormais connu. Ce type est encore d’un emploi fréquent et presque général dans les pays de langue anglaise et allemande ; en France, on le réserve plus spécialement pour la composition des éditions, brochures ou plaquettes de luxe :

c) À chacune de ces deux premières familles correspond, comme œil et comme alignement, un caractère italique[3], incliné comme l’écriture manuelle et reproduisant vaguement tantôt les formes de celle-ci, tantôt, au contraire, celles du romain ou de l’elzévir :

d) Les caractères gras, qui se subdivisent :

  1. Dans son Nouveau Manuel complet de Typographie (nouvelle édition, 1857), Frey (ou, plutôt, E. Bouchez) divisait ces caractères en « deux types bien marqués par la nature même de leurs services : 1o  le type ordinaire d’impression, que son adaptation variée sur les corps divise en régulier et irrégulier ; 2o  le type auxiliaire ou de fantaisie, que la forme particulière de ses caractères partage en trois espèces : œil modifié du romain ordinaire, œil à extrémités généralement circulaires, et œil à extrémités en général angulaires ».
  2. Quelques typographes réunissent le caractère elzévir et le caractère Didot sous la même désignation de caractère romain. Ce nom lui vient de ce que ces deux familles dérivent en effet directement des lettres romaines en usage dans les inscriptions que Jenson prit pour modèle.
  3. Voir au paragraphe Italique l’origine de ce caractère, dû à l’Italien Aide Manuce.