Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II

FABRICATION DU POINÇON ET DE LA MATRICE


Un correcteur doit posséder au moins quelques notions sommaires des opérations relatives à la fabrication ou à la fonte des caractères, opérations qui ressortissent également du domaine de la typographie.

Avant de fondre un caractère, il est nécessaire, s’il s’agit de la création d’un type nouveau, d’établir, au moyen de dessins soigneusement exécutés, les diverses proportions des lettres, courtes ou longues ; puis de tailler, de graver un poinçon et un contre-poinçon ; enfin de frapper une matrice.

Le poinçon est une tige d’acier doux, d’une hauteur d’environ 6 centimètres, dont la largeur et la longueur sont appropriées à l’œil de la lettre que l’ouvrier doit exécuter.

À une extrémité, dite supérieure, qu’il a polie avec un soin rigoureux, l’artiste décalque, soit avec un fumé, soit par l’intermédiaire d’une feuille de gélatine, ou encore, suivant ses préférences, à l’aide d’une pellicule photographique, le dessin de la lettre à graver : il est nécessaire de faire remarquer que ce report renverse de la tête au pied le signe qui sera taillé en relief.

Chaque lettre de l’alphabet, chaque chiffre, chaque ponctuation, chaque signe quel qu’il soit, susceptible d’être employé dans l’impression, a son poinçon particulier : l’ensemble d’une fonte comprend environ 150 signes divers.

À l’extrémité inférieure, et sur la face — c’est-à-dire sur le côté du poinçon que l’on a devant soi, en même temps que la tête de la lettre, — est gravée la marque distinctive du caractère.

Le travail terminé, le poinçon est fortement trempé.

Dans les gros caractères les accents sont gravés à part et n’appartiennent pas aux poinçons ; ces derniers portent une entaille où, lors de la frappe d’une matrice de lettre accentuée, le poinçon supplémentaire vient se loger.

Le contre-poinçon, gravé sur une tige d’acier doux, représente seulement les traits intérieurs de la lettre ; par la trempe, il acquiert une résistance suffisante pour être enfoncé à coups de marteau dans le poinçon. Cette empreinte détermine la profondeur d’œil, achevée parfois à l’aide