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indique comme défectueuses ou mauvaises, rectifie les blancs irréguliers, etc.

Le corrigeur doit considérer comme un devoir — devoir de bonne camaraderie, diront les uns ; plus réellement, devoir strict — de prévenir le correcteur, s’il voit ou s’il croit voir une faute échappée à celui-ci. Mais, dans tous les cas, le typographe ne modifiera rien, ne corrigera rien qui ne soit indiqué sur la tierce par le correcteur ou le prote, restriction faite des lettres cassées ou absentes ; il serait regrettable qu’un compositeur pris d’un zèle très louable, sans doute, sous prétexte de remédier à une erreur, crée une faute là où il n’y en avait pas : il convient que chacun reste dans son rôle…

Lorsque des raisons exceptionnelles obligent à exécuter sous presse un remaniement de quelque importance, toutes les lignes à remanier sont enlevées de la page et placées sur une galée ; ces lignes sont ensuite passées au composteur comme pour la correction en première.

Mais, si le remaniement ne porte que sur trois ou quatre lignes an maximum et si la composition est interlignée, il est préférable, le plus souvent, de remanier ces lignes sur le marbre de la machine, le temps employé à les enlever et à les remettre équivalant presque à celui du remaniement lui-même.

De même que pour la correction sur la galée, il ne faut pas négliger de justifier les lignes dans lesquelles on aura corrigé, les mots devant toujours être espacés régulièrement et normalement.

Les corrections d’une page exécutées, le compositeur revise lui-même cette page directement sur le plomb.

Au fur et à mesure que les corrections s’achèvent par fractions de côtés ou par côtés entiers, le corrigeur vérifie rapidement les bords des pages, rectifie les lettres qui chevauchent, redresse les lettres couchées, rapproche les garnitures ou les lingots de côté, met les biseaux en place et serre légèrement à la main. Le conducteur intervient alors pour examiner l’ensemble, taquer légèrement la forme, et serrer prêt à rouler.

Lorsque toutes les corrections sont terminées, il est utile, si plusieurs compositeurs se sont partagés le travail, que chacun d’eux signe de son nom la tierce, ou la fraction de tierce, qu’il aura corrigée, afin que soit laissée à l’un comme à l’autre la part de responsabilité qui lui revient.

Dans certaines maisons même, le corrigeur mentionne, sur la tierce l’heure à laquelle il a commencé, ainsi que celle à laquelle il a terminé la correction.

Un corrigeur soigneux et ordonné prend quelques précautions à