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q) Enfin, le corrigeur ne doit pas oublier qu’un châssis, lui aussi, présente parfois des défauts qui ont leur répercussion sur l’ensemble des pages imposées : si le châssis est trop faible, au moindre serrage, ses côtés s’écartent, et la composition fait le creux ; si le châssis est de construction normale, un serrage exagéré produit le défaut opposé à celui qui vient d’être signalé : les côtés se soulèvent légèrement, et la composition fait le ventre. Un châssis faussé, mal équerré, donne une imposition dans laquelle les pages n’ont plus ni aplomb, ni quadrature.

Le remède est simple, et il n’en est pas d’autre dans ces divers cas : changer le châssis.

r) La correction terminée, les garnitures remises en place, ainsi que les biseaux et les coins, le compositeur enlève son composteur, sa « boîte à correction », et, le cas échéant, la macule sur laquelle il a déposé les lettres à jeter au cassetin au diable ; puis, il serre légèrement. D’un coup d’œil rapide, l’ensemble de la forme, et particulièrement les bords des pages sont examinés. Toute irrégularité, tout chevauchement sont aussitôt l’objet d’une dernière correction. La forme est taquée doucement et lentement, afin de faire descendre les lettres qui lèvent, sans briser celles que le taquoir rencontre ; puis elle est sondée : pour cette opération, les deux mains sont placées, les pouces en dessus, sous la barre du châssis amené jusqu’au bord du marbre, et la forme est à petits coups et à plusieurs reprises soulevée légèrement au-dessus de celui-ci ; si aucun défaut ne se révèle, si aucune sonnette ne frappe le marbre, la composition est serrée définitivement.

L’ouvrier tire alors la forme vers lui, de manière à dégager du marbre en partie les coins et les biseaux, le texte restant appuyé en entier. Les deux mains saisissent le châssis aux angles, la paume en dessous, les doigts repliés sur les barres verticales, et le pouce au delà de l’angle sur la barre horizontale. D’un même mouvement le compositeur relève vivement la forme et la tire davantage vers lui ; il s’assure qu’aucune sentinelle, ou lettre s’échappant d’une page, ne reste debout sur le marbre ; puis, la forme dressée, la main gauche descend sur la barre verticale près des pages 3 et 6, pendant que la droite se place entre les pages 2 et 7. À l’aide de cette dernière main la forme, à laquelle on a fait exécuter un quart de tour vers la droite de manière à la placer non plus en face, mais sur le côté du compositeur, est alors amenée au delà du marbre, jusqu’à ce que la main droite, se glissant sous le châssis, puisse saisir celui-ci par l’angle de la page 7. L’extrémité de la forme reposant sur le marbre est alors légèrement relevée, de manière que l’angle soutenu par la main droite bascule en avant, le dos du châssis glissant doucement sur le bord du marbre. Le marbre abandonné, la forme est posée à terre,