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Toute sonnette, quelle qu’elle soit, lettre ou espace, s’échappant de la forme lorsque celle-ci est sondée, oblige à un examen immédiat et attentif de la partie de la composition où elle est trouvée, si l’on veut, avec certitude, éviter un accident ultérieur plus grave.

2° Dans une composition compacte, c’est-à-dire non interlignée, les lettres d’une force de corps différente, ou inférieure ou supérieure, peuvent, soit au moment du serrage, soit au cours du tirage, occasionner un soleil : les lignes s’enchevêtrent les unes dans les autres, simulant une mise en pâte, par suite d’un bouleversement complet du texte.

n) Un léger chevauchement se produit encore, impossible à éviter, par la répétition verticale successive, au même endroit, dans un texte compact, de la même lettre : ce défaut tient, semble-t-il — particulièrement lorsque la fonte est neuve — à une très minime différence de force de corps, et s’accentue en raison de la répétition plus fréquente de la même lettre. Il est rare que l’on parvienne à remédier à ce désagrément, et le serrage convenable de la forme est alors particulièrement difficile.

o) Un biseau en mauvais état, un coin mal placé, un serrage exagéré produisent dans le bas de la page un creux ou un ventre désagréables à l’œil. Certaines pages, toutes de guingois, donnent à craindre qu’elles ne se rompent au moindre effort, et il est nombre de celles-ci aux défauts desquelles aucun remède ne peut être apporté : garnitures et interlignes ont subi une telle pression qu’elles sont irrémédiablement faussées ; la nécessité de leur remplacement s’impose, si le compositeur veut rendre aux pages la quadrature impeccable qui leur est indispensable pour plaire à l’œil.

p) Les tableaux, les alignements, les opérations mathématiques ou algébriques, les parangonnages et, surtout, les habillages parfois si compliqués des gravures doivent être l’objet des soins les plus attentifs du corrigeur, lorsqu’il doit y effectuer quelque correction.

Plutôt que de reprendre un habillage défectueux, de retailler un bois mal équerré, trop de typographes insouciants se bornent à bourrer de papier humide une composition à l’équilibre plutôt instable. Les espaces de Limoges remédient toujours insuffisamment, au chevauchement constaté ; en glissant, lors d’un desserrage ultérieur, ces morceaux de papier mouillé peuvent occasionner un désagrément plus important que celui auquel, grâce à eux, on avait pensé obvier. Quelque précieux que soit le temps, une heure passée à une correction rationnelle est souvent plus avantageuse que dix minutes consacrées à une réparation de fortune.