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e) Le report d’une ou de plusieurs lignes d’une page à la page suivante ou à la précédente est une opération minutieuse, qui exige de la part du compositeur une attention scrupuleuse et une connaissance approfondie de l’ordre de succession des pages dans la forme ; il est, en outre, indispensable d’avoir en même temps, sur le marbre, les deux formes — côté de première et côté de seconde — composant la feuille.

Le compositeur ménage, tout d’abord, dans la page à laquelle s’arrêtera le report, l’emplacement nécessaire pour insérer la ou les lignes reportées : cet emplacement est obtenu soit par la suppression, en bas ou dans le corps de la page, d’un blanc facultatif ou devenu inutile, soit par l’exécution d’une correction indiquée à cet effet par l’auteur, soit encore, à défaut d’autre moyen, par la disparition, s’il est possible, de lignes à cadrats dont le texte est gagné en remaniant quelques lignes. Au lieu d’être rencontré dans une seule page, l’emplacement exigé doit parfois être cherché, par les moyens indiqués ci-dessus, dans les pages qui sont successivement intéressées par le report à effectuer. Grâce à ses connaissances techniques, le corrigeur doit pouvoir apprécier, à coup sûr, la méthode la plus avantageuse et la plus expéditrice.

La méthode est semblable, et la manière d’agir ne diffère dans aucun cas, que le report ait lieu en chassant le texte sur les pages suivantes, ou en le gagnant sur les pages précédentes.

Les lignes gagnées, et l’emplacement ménagé — soit sur une seule page, soit sur plusieurs, comme on l’a indiqué — le texte de la dernière page intéressée par le report est serré en le poussant jusqu’au bas si le report a lieu en chassant, c’est-à-dire sur les pages suivantes : sous le folio, est ainsi obtenu un blanc, dans lequel on place, pour le remplir, le nombre de lignes voulu prises en pied de la page précédente ; le texte de cette deuxième page est, à son tour, serré et descendu, pour faire place sous le folio à un nombre de lignes de la page antérieure équivalent à la grandeur du nouveau blanc obtenu ; à son tour, la composition de la troisième page est serrée et descendue, donnant encore sous le folio un blanc comblé comme antérieurement. Pour toutes les pages intéressées, l’opération se répète, la même — et de plus ou moins grande importance, suivant que le blanc ménagé sous le folio est plus ou moins fort — jusqu’à la page où la correction qui a nécessité le remaniement se trouve remplir entièrement le blanc obtenu.

Le corrigeur ne doit pas oublier — et c’est là toute la différence d’avec la méthode qui vient d’être expliquée, mais différence d’importance capitale — que, si le report a lieu en gagnant, c’est-à-dire en remontant sur les pages précédentes, « la composition doit être serrée sur le folio » : le blanc obtenu, et destiné à être rempli par les lignes du report à prendre