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III

CORRECTION SUR LE MARBRE


De nos jours la correction sur le marbre est plus rarement, pratiquée qu’elle ne l’était autrefois. Il est en effet devenu de règle presque générale — sauf de rares exceptions — d’imposer, de mettre en forme seulement quelques heures avant le tirage, alors que les corrections du bon à tirer ont été entièrement exécutées et revisées. Les épreuves en placards, en pages et pour le bon, expédiées autrefois aux auteurs après imposition, sont fréquemment tirées imposées, sans serrage ni garniture, dans une frisquette.

Néanmoins, la correction, sur le marbre, de feuilles déjà imposées se présente parfois, et il n’est pas inutile d’en indiquer sommairement la technique.

a) La forme à corriger, — que le lecteur comprendra être le côté de première d’une feuille in-8 — prise au garde-formes ou à l’emplacement indiqué, est approchée du marbre, soit à l’aide d’un chariot, soit en la poussant sur le sol, les pages 8 et 5 en bas. La forme, inclinée diagonalement, est alors boutée sur l’angle, de la page 8, le pied de la lettre du côté du compositeur. L’ouvrier qui monte seul une forme sur le marbre embrasse de la main gauche le châssis entre les pages 1 et 8, et place la main droite près de l’angle inférieur de la page 5. Levée, la forme est posée doucement sur le bord du marbre jusqu’au milieu de la page 8, puis avancée sur celui-ci jusqu’à la main droite près de la page 5. La main droite remonte alors le long du châssis entre les pages 4 et 5, pendant que la main gauche fait exécuter à la forme un quart de tour vers la gauche qui met le pied de la lettre face au compositeur placé devant le marbre. En même temps, la forme est poussée en avant. Les deux mains, ramenées jusqu’aux angles supérieurs du châssis, sans jamais abandonner la forme, l’abattent vivement, sans aucune secousse et surtout sans choc brutal, sur le marbre. Toutes les pages doivent, alors que la forme est abattue, porter entièrement sur le marbre : après le mouvement qui a ramené la forme face au compositeur, celle-ci doit donc être suffisamment engagée pour que cette dernière condition soit remplie ; faute de cette précaution, en poussant le châssis abattu, on briserait inévitablement les lettres qui, pour une raison ou pour une autre, se sont échappées