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autre texte, ou encore l’adjonction d’un ou de plusieurs termes oblige à sortir de la ligne : dans ces deux cas il est nécessaire de remanier.

Au sens propre du mot, remanier c’est reprendre ou repasser au composteur le texte à corriger : cette manière de faire assure un espacement plus convenable et une justification plus rigoureuse que ne pourrait le faire le travail en galée ; d’autre part, la correction est, de la sorte, plus rapidement exécutée qu’elle ne le serait avec les reprises ou les rejets successifs, en galée, d’une ligne à une autre ligne, du texte nécessaire pour la correction.

Pour remanier, on dégage, d’abord du texte qui l’accompagne la composition à reprendre ou la fraction que l’on suppose devoir être nécessaire pour le remaniement : cette composition est reportée vers le bas de la galée ; elle peut également, suivant les circonstances, être, nettement séparée, en tête et, le cas échéant, en pied, par une garniture ou un lingot : elle est alors tournée le cran en dessus, c’est-à-dire le cran placé dans le sens opposé à celui de la composition. Le commencement des lignes est ainsi reporté de la gauche, vers la droite.

1° L’extrémité interne de l’index droit se place sur la face latérale de la première lettre de la première ligne à reprendre ; le pouce s’appuie extérieurement sur un groupe de lettres aussi important que pourra le soutenir le médius droit plié ; d’un mouvement simultané de pression, l’index et le pouce tirent vers le haut les lettres saisies en les appuyant sur le médius placé, derrière elles, sur la ligne qui les suit. Les lettres dégagées sont maintenues, par le pouce et l’index, sur le médius, pendant que, par un mouvement de torsion du poignet en dedans (d’après Th. Lefevre) ou de droite à gauche (suivant Leclerc), on les replace dans le composteur le cran en dessous, sa position normale. Les mots se retrouvent de la sorte dans leur ordre logique. Au fur et à mesure de la reprise de la composition, toutes les corrections rencontrées sont rigoureusement exécutées, l’espacement régularisé et la justification soigneusement vérifiée, comme lors de la composition elle-même. Parfois il est nécessaire de remanier, de la sorte, depuis le début de la reprise jusqu’à la fin de l’alinéa ; d’autres fois, par hasard, en raison de la rencontre de corrections, une ligne remaniée peut, avant la fin de l’alinéa, se terminer au même mot que lors de la composition primitive : le remaniement est de ce fait terminé, et les lignes retournées, mais non remaniées, sont reportées à leur ordre normal.

L’ouvrier soigneux et d’un doigté sûr acquiert rapidement une grande habileté pour les remaniements : ce n’est plus alors un simple