Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le haut : plus cette résistance est élevée, plus l’ouvrier a tendance à accentuer le serrage des pinces ; que, dans un mouvement plus énergique, celles-ci viennent à glisser, inévitablement l’œil est atteint, et la lettre détériorée. Aussi la déligature des compositions est-elle indispensable, et l’on ne devrait jamais permettre à un ouvrier la correction d’un paquet lié : le temps gagné par l’exécution plus facile des corrections, la facilité d’une justification plus convenable compensent très largement le semblant de perte de temps que quelques esprits rétrogrades et paresseux prétendent trouver dans cette manière d’agir.

Une qualité, précieuse chez le corrigeur est de savoir tirer parti des moindres avantages qu’il rencontrera au cours de la correction ; ainsi, dans un mot à changer, il ne lèvera pas les lettres ou fractions du mot qui peuvent être utilisées ; toutefois s’il y a trop de changements dans une même ligne, il n’hésitera pas à recomposer celle-ci entièrement plutôt que d’enlever les corrections mot à mot.

Les indications de l’épreuve doivent être observées avec le plus grand soin possible : chaque correction, étudiée attentivement, est exécutée dans l’ordre indiqué, en suivant, du début à la fin de la ligne, et d’après les signes conventionnels qui les signalent.

Chaque correction nécessite, pour ainsi dire, une modification de l’espacement :

1° « Si la lettre de remplacement est plus forte que celle qui est remplacée, on diminue, pour la différence, une ou plusieurs espaces qu’on extrait et qu’on remplace de la même manière », en tenant compte, autant que possible, pour cette diminution de la force des lettres de forme longue, de forme pleine ou de forme ronde.

2° « Si, au contraire, la lettre de remplacement est plus faible, on augmente avec discernement une ou plusieurs espaces de la ligne. »

3° Lorsqu’on a plusieurs lettres les unes à ajouter, les autres à supprimer, on modifie de même l’espacement, si toutefois après correction la ligne n’est ni trop forte ni trop serrée.

4° Dans l’un ou l’autre cas, on reprend de la ligne suivante ou on reporte à la ligne précédente un mot entier ou une fraction de mot : c’est le remaniement de la composition.

5° La suppression de plusieurs mots, d’un membre de phrase peut parfois n’être compensée par l’adjonction d’aucun autre mot ou d’aucun