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l’œil de la lettre tourné vers le compositeur. Doucement, la main droite s’incline vers le dehors, supportant seule la poignée de composition que la main gauche a abandonnée, aussitôt qu’une inclinaison suffisante a été atteinte. Un instant, les lignes de distribution sont maintenues en équilibre ; puis, par un mouvement, la main droite s’abaisse et la partie libre des lignes vient s’appuyer sur le médius et les deux derniers doigts de la main gauche pliés, par-dessous et dans la largeur, de manière à supporter franchement la première interligne ou l’interligne de soutien. La poignée est, en outre, maintenue par l’index qui, allongé horizontalement, l’empêche de se renverser en arrière ; elle est étayée, en hauteur, vers le commencement des lignes par la paume de la main que prolonge le pouce étendu verticalement. La poignée est dès lors équilibrée et prête pour le travail de distribution proprement dite.

L’index et le médius droits s’appuient sur les derniers mots (une douzaine de lettres environ) de la première ligne, et, les tirant légèrement en avant, les font avancer sur la face latérale du pouce appliqué à la composition. Ainsi saisies, les lettres, par un mouvement de bascule des doigts et du pouce descendu jusqu’à la moitié de la tige, sont légèrement redressées face à la vue du compositeur qui, d’un coup d’œil, doit les lire rapidement et, surtout, en retenir impeccablement l’énumération ; puis elles sont entièrement dressées jusqu’à la verticale, pendant que l’ouvrier vérifie rapidement le cran de chaque lettre, afin de s’assurer qu’aucun type de caractère étranger ne se glissera indûment dans sa casse ; la vérification du cran postérieur, le cas échéant, se fait à chaque ligne avant que soit prise une nouvelle pincée de lettres. Le pouce, et le médius maintenant, de part et d’autre, la partie inférieure des lettres, l’index, qui recouvre la partie supérieure, recule au delà de la première lettre de gauche qu’il dégage entièrement « par un léger mouvement de pression rétrograde, en dedans sur les autres lettres, et qu’il pousse au dehors ; le médius se lève alors tant soit peu, et la lettre, n’étant plus retenue, tombe dans le cassetin qui lui est propre », et au-dessus duquel la main s’est portée. La lettre tombée, le médius reprend immédiatement sa position ; la main se place au-dessus du cassetin auquel appartient la lettre suivante ; l’index agit à nouveau en dégageant et poussant cette lettre, le médius se lève, et la lettre s’échappe. La première pincée distribuée, une nouvelle est prise et distribuée à son tour, puis une autre, et ainsi de suite jusqu’à la fin de la poignée. Une deuxième poignée est alors portée de la galée sur la main gauche comme précédemment, et distribuée de la même manière. On agit de même pour le reste du paquet et pour tous les autres paquets à distribuer.

Il va sans dire que plus la justification est longue, et la force de corps