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d’une rupture intempestive au moment du liage. Même utilisée pour la première fois et tendue à l’excès, une ficelle soumise accidentellement à une humidité passagère se détend inconsidérément sous l’influence de la sécheresse, et au moindre heurt le paquet se rompt. D’autre part, on oublie souvent cet axiome fondamental : sans dépasser une limite convenable, la grosseur et, conséquemment, la force de résistance doivent être en rapport avec la grandeur de la page et la force de corps du caractère employé. Enfin une ficelle mince brise la main du compositeur.

Il semble relativement facile, afin d’éviter les multiples désagréments qui résulteraient pour une maison de l’emploi de types multiples de ficelle, de recourir à un modèle de grosseur moyenne, de résistance irréprochable, satisfaisant aux conditions les plus exigeantes. Il ne faut pas oublier, d’ailleurs, que, si le prix est en rapport avec la qualité demandée, il est aussi et surtout fonction du poids.

En résumé : pour un maximum de sécurité, sous une grosseur moyenne, la ficelle choisie subira un minimum d’allongement lors de la tension, et elle ne donnera aucun signe de relâchement après une sécheresse consécutive à une période d’humidité. Même après un usage deux ou trois fois répété, le chanvre ne présentera aucune trace d’effilochage.

f) Nombre de compositeurs insistent vivement sur l’utilité d’un nœud à l’extrémité de la ficelle qui constitue le début de la ligature : ce nœud empêcherait, le chanvre de s’effiler, et, surtout, lors du premier tour, il aiderait les doigts à retenir cette extrémité ; lorsqu’un paquet attaché depuis quelque temps menace de se délier, le nœud retarderait la catastrophe.

Mais il est bon de reconnaître que maintes fois ce nœud donne lieu à des ennuis : prise entre deux tours de ficelle, l’extrémité tirée brusquement par un ouvrier inattentif ne peut s’échapper en raison du nœud qui la retient : la ligature entière s’enlève d’un coup, et c’est un désastre irréparable. Pour défaire une ligature mal exécutée, un compositeur maladroit ou trop pressé saisit hâtivement la ficelle en un point quelconque : le nœud coincé résiste à la traction et, s’il n’est pas rapidement dégagé, risque d’entraîner le coin de la composition. Ces accidents sont surtout fréquents lorsque le texte est plein ou établi sur une justification assez longue.

g) Lors de la terminaison de la ligature, pour faire la boucle retenant l’extrémité de la ficelle, le typographe ne se servira jamais d’interlignes, surtout d’interlignes de 1 point : il risque de les fausser, même de les briser, et, conséquence plus regrettable, de se blesser à la main.