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droite en-deçà du pouce. Prenant à l’aide du pouce un point d’appui sur le rebord extérieur du haut de la galée, la main droite exerce une traction énergique, mais régulière et sans à-coup. Le serrage doit être exécuté dans un plan aussi horizontal que possible, afin d’éviter le soulèvement de l’extrémité des lignes, et particulièrement de celles du bas de la page ; d’ailleurs, avant même le début de cette opération, la main gauche, largement ouverte, est redescendue vers le bas du paquet qu’elle maintient. Le serrage terminé et toute crainte d’accident éloignée, la ficelle est menée jusqu’à l’angle gauche de la ligne de tête où elle est maintenue par l’index et le médius gauches. La main droite, se débarrassant à ce moment du tour de ficelle qui l’enserrait, reprend cette dernière entre le pouce et l’index et l’entraîne jusqu’à la rencontre du premier bout qui se trouve ainsi coincé une deuxième fois. Suivant les circonstances, si la nécessité l’exige — en raison de la longueur de la justification, de la hauteur du paquet, de la force du corps, du texte plein ou interligné, etc., — un troisième, un quatrième tour de ficelle sont exécutés en suivant la méthode décrite. Régulièrement, chaque nouveau tour de ficelle doit se placer au-dessus de celui qui le précède, et non point enjamber sur lui ni se mêler aux tours antérieurement exécutés, afin d’éviter toute cause d’accident lorsque sera déliée la composition.

Le troisième, le quatrième tour de ficelle, ou plus, terminés, et le paquet jugé convenablement serré, on amène la ficelle, en la tendant suivant l’habitude, jusqu’à l’angle droit de la ligne de tête ; elle est maintenue à cette place par le médius gauche et également par l’index placé légèrement en avant sur l’interligne de début.

La main droite à l’aide des pinces, enfonce alors, entre l’interligne et les tours de ficelle, l’extrémité de celle-ci : une sorte de boucle en forme de V très ouvert est ainsi formée ; la partie inférieure est saisie à l’aide des pinces, et, ramenée vers l’extrémité de l’angle, elle est coincée fortement, afin de former arrêt ; puis, la partie supérieure est de même, et en obliquant, tirée vers l’angle droit et en haut, afin que la boucle, en débordant, ne puisse passer sous le pied de la lettre ; elle est alors coupée à une hauteur de 3 centimètres environ au-dessus de l’œil de la lettre. Pendant ces diverses opérations, tout autant qu’il est possible, la main gauche étendue sur le haut de la composition, comme lors du premier tour de ficelle, maintient solidement cette partie du texte.

La page ligaturée est éloignée de la tringle verticale de la galée ; à l’aide des pouces, la ficelle est légèrement abaissée à chaque angle, afin que la ligature se trouve à peu près au milieu de la hauteur du caractère : condition indispensable pour obtenir le maximum de solidité. Très rarement, mais parfois cependant, cette opération doit être exécutée au cours