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faire une pause assez longue (changement d’idée dans un même alinéa ; — changer l’inflexion, le ton ou le mouvement de sa voix ; — réveiller l’attention de l’auditeur ou ranimer la sienne :

J’eus dans ma blonde enfance, hélas ! trop éphémère,
xxxx Trois maîtres : — un jardin, un vieux prêtre et ma mère.

68. On se sert encore du tiret pour séparer les maximes, les pensées, les idées qui n’ont aucun lien entre elles, et que l’on énumère sans les mettre en alinéa[1].

69. On utilise le tiret, même dans les cas où aucun autre signe de ponctuation ne saurait être employé, lorsque par ce tiret on veut peindre une délicatesse de sentiment, une finesse de pensée, etc., etc. :

Le jardin était grand et profond…
Le prêtre, tout nourri de Tacite et d’Homère,
Était un doux vieillard. Ma mère — était ma mère.

70. Le tiret s’emploie également dans les traductions en prose de poésie étrangère ou de dialectes assonances, lorsqu’on veut indiquer la fin de chaque vers ou de chaque strophe :

Oui, ils chantaient tous sur les chemins, — dans les champs et dans les bois, — et pourtant ne croyez pas — qu’ils partaient sans aucun regret ;
xxxx Ne croyez pas que ce fût sans douleurs — et un crève-cœur sans égal — qu’ils quittaient tout ce qu’ils aimaient, — leur père, leur mère, tous leurs parents ;
xxxx Leurs compagnos et leur douce amie — (toute leur joie, l’objet de leur désir), — leur village et son clocher élevé, — et par-dessus tout leur patrie, la Basse-Bretagne[2].


parenthèses


71. On renferme entre parenthèses une partie du discours qui explique en quelque sorte ce qui précède, une réflexion personnelle d’auteur au milieu d’une narration, une exclamation ou une interrogation du narrateur, n’ayant aucun lien grammatical avec l’ensemble de la phrase

  1. Voir, à ce sujet, le chapitre xxvii, les Tirets, p. 762.
  2. Traduction d’une poésie bretonne Ar Zoulard Iaowank (Le Jeune Soldat), parue en 1870. Il est bien entendu qu’alors le moins ne saurait suppléer aucune ponctuation.