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généralités


1. La ponctuation est l’art de marquer les divisions du discours.
xxxx Au moyen des signes conventionnels de la ponctuation on doit :
xxxx 1° Faire comprendre et le sens partiel de chacune des phrases logiques qui concourent à former une composition quelconque, et le rapport de chacune de ces phrases avec le sens général du morceau ;
xxxx 2° Contribuer à la clarté de la phrase entière en indiquant certains arrêts dans renonciation de la pensée ;
xxxx 3° Enfin, faire saisir des nuances importantes dans la pensée elle-même.

On voit donc combien est nécessaire une étude raisonnée de l’emploi de la ponctuation : sans ponctuation, le texte est dépourvu de sens, incompréhensible ; avec une ponctuation vicieuse, on peut obtenir un sens clair, mais à coup sûr souvent le contraire de celui que l’auteur a voulu exprimer.
xxxx « Dans l’étude de l’art de la lecture, il est un point, dit M. Legouvé, qui résume en partie tous les autres : c’est la ponctuation.
xxxx « Le lecteur qui ponctue bien, repère bien, prononce bien et articule plus facilement. Bien ponctuer, c’est mesurer, modérer son débit, c’est distinguer les diverses parties d’une phrase, c’est éviter la confusion qui naît de l’enchevêtrement des mots, c’est interrompre à tout moment la psalmodie et, par conséquent, avoir la chance d’y couper court ; enfin c’est comprendre et faire comprendre. »
xxxx Comprendre et faire comprendre, voilà les deux parties de la tâche qui incombe plus particulièrement au correcteur. Saisir la pensée de l’auteur, se la bien assimiler, la faire sienne en un mot, doit être sa préoccupation première ; et c’est seulement après avoir distingué les diverses parties de la phrase, qu’il aura chance, par une ponctuation saine et vigoureuse, d’éviter la confusion qui naît, pour le lecteur, de l’enchevêtrement des mots et, conséquemment, de faire comprendre.
xxxx Bien que la parfaite clarté du sens soit ainsi ce à quoi l’on doit avoir égard avant tout, il faut cependant être sobre de ponctuation : l’emploi par trop réitéré des signes de ponctuation, notamment de la virgule, hache en quelque sorte le discours et devient parfois plus nuisible qu’utile.
xxxx « La ponctuation, dit Mme G. Sand, dans Impressions et Souvenirs, a sa philosophie comme le style ; je ne dis pas comme la langue ; le style est la langue bien comprise, la ponctuation est le style bien compris. » Elle ajoute : « Il y a des règles absolues pour la langue et des règles absolues pour la ponctuation. Le style doit se plier aux exigences de la langue, mais la ponctuation doit se plier aux exigences du style. Je nie qu’elle relève immédiatement des règles grammaticales, je prétends qu’elle doit être plus élastique et n’avoir point de règle absolue. »