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une lettre de l’épaisseur nécessaire, dont ils ont préalablement abattu la tête.

Certains compositeurs ont une manie déplorable : ils négligent d’enfoncer les espaces complémentaires utilisées pour la justification et les laissent à hauteur de l’œil de la lettre. Rarement ces espaces « tombent » d’elles-mêmes : lors du tirage, elles marquent ; il est dès lors indispensable de revenir sur chacune d’elles : travail fastidieux et assez long qu’il eût été aisé d’éviter si le typographe avait soigneusement poussé ces blancs dans le composteur avant d’arrêter la justification de sa ligne.

Lorsque, la justification terminée, le compositeur replace la dernière lettre, la butée s’exerce à chacune des extrémités de la ligne, cependant que le centre, suivant sa plus ou moins grande élasticité, a tendance à s’écarter vers l’extérieur et à provoquer de la sorte la rupture brusque de la ligne. Pour éviter cet accident, l’ouvrier allonge la paume de la main et le pouce sur la composition afin de la maintenir.

Plus simplement, par surcroît de précaution, lorsque le texte est interligné, et avant la justification définitive, on couche l’interligne ; si la composition est compacte, on utilise, à la place de l’interligne, un filet ou lève-lignes.

i) Si l’interlignage se fait avec deux interlignes bout à bout, il est indispensable que celles-ci ne soient pas d’égale longueur : la solution de continuité qui se produirait dans la composition occasionnerait un défaut de consistance pouvant donner lieu à de graves ennuis.

Pour la même raison, les interlignes d’inégale longueur seront croisées, autrement dit interverties à chaque ligne.

Lorsque l’interlignage est composé de deux interlignes d’inégale épaisseur — par exemple une interligne de 1 point et une interligne de 3 points, — il est préférable de placer l’interligne la plus mince la première : la plus forte, présentant davantage de solidité, remplira mieux l’office de filet, s’il y a lieu.


LA COMPOSTÉE


Une première ligne composée et justifiée, comme on vient de le voir, et, le cas échéant, l’interligne placée, une deuxième ligne est aussitôt commencée et exécutée comme la première ; puis, successivement, d’autres, jusqu’à ce que le composteur soit plein.

Celui-ci rempli, on le vide dans la galée, afin de continuer la composition.