Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES CORRECTEURS A L’ÉTRANGER
77

désirable ; il suffira de dire qu’on y a consacré beaucoup de travail. Si ce texte est sans faute, les vœux du correcteur seront comblés… »

Et dans l’Introduction, Johann Brunnen, revenant sur le même sujet, dit encore :

Ne vous hâtez pas, lecteur, de toucher au texte de cet ouvrage avant de l’avoir étudié avec soin et en détail, car nous avons consacré à sa correction tout le zèle et tout le travail dont nous sommes capables…

Hélas ! en dépit du zèle du correcteur de Pierre Schœffer, en dépit de son travail, à l’encontre de ses vœux, le texte des Lettres de saint Jérôme est loin d’être sans faute : « Dans les œuvres de l’homme, il n’est rien de parfait ! »

Johann Brunnen connut-il Gutenberg ou, plutôt, eut-il avec le « père de la typographie » quelques relations littéraires et techniques ? De ce que la grammaire dont nous avons parlé plus haut « sortit de la maison de l’inventeur de l’imprimerie » certains ont cru pouvoir conclure que Johannes Fons avait été le correcteur, le premier correcteur, de l’atelier où notre art vit le jour. On nous permettra de ne point nous arrêter sur ce sujet. En 1455, à la suite de dissentiments sur la nature desquels une pleine lumière ne sera sans doute jamais projetée, Gutenberg dut abandonner, à ses associés Fust et Pierre Schœffer, en même temps que l’immeuble ou il avait passé de si nombreuses veilles, ses presses et le matériel, objets de tant de peines et de soucis. Si, en 1466, après la terrible tourmente de 1462, des mains ou pieuses ou intéressées avaient pu reconstituer « dans la maison de l’inventeur de l’imprimerie » l’atelier primitif, Gutenberg, hélas ! n’animait plus de sa présence une officine qu’il avait dû quitter onze années plus tôt.

Après leur départ de Mayence, les compagnons Conrad Sweynheym et Arnold Pannartz vinrent, en 1465, s’installer en Italie au couvent de Subiaco, où les moines bénédictins furent pour eux de précieux collaborateurs ; ils imprimèrent un Donat, dont aucun exemplaire ne nous est parvenu, puis une édition in-folio des Œuvres de Lactance terminée en octobre 1465 et qui est le premier livre imprimé en Italie dont on connaisse la date. En 1467, le pape Paul II les faisait venir à Rome, où ils établissaient leurs presses dans le palais des frères Pierre