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LES CORRECTEURS EN PROVINCE
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fut un des correcteurs de Sébastien Gryphius, ainsi que nous l’apprend une pièce de Faciot à son livre Epigrammatum libri IIII :

Ioannes Vulteius[1] ad librum
I, juge Lugdunum sine me, liber, i, fuge in urbem ;
Excipiel prompta Gryphius ille manu.
Te castigandum docto dabit inde Dolcto,
Cujus censuram sit libi dulce pati ;
Postluce nasutos contemnes denique nasos,
Alque canum rabiem, Zoïleasque notas
.

Dolet semble avoir été employé à plusieurs reprises par Gryphius qui, en 1535, imprimait de son correcteur le dialogue De Imitatione Ciceroniana adversus Erasmum et, en 1536, le premier tome des Commentaires de la Langue latine. En reconnaissance des services qu’il lui avait rendus, Dolet, en 1538, dédia à son imprimeur le quatrième livre de ses poésies : Id tu etiam mecum tua arte laudabiliter conaris, dum Autorum antiquorum et æqualium nostrorum libros (quibus eorum vivit jama) typis tam pulchris in omnem posteritatem transmittis. Eam ob rem quartum hunc, librum tibi dicatum volo, utriusque tam honesti conatus documentum : et amicitiæ, quæ tibi mecum jamdudum intercedit, pignus æternum, atque perpetuum. Vale. Entre Dolet et Gryphius, les relations restèrent, comme le souhaitait le premier, toujours bonnes — grâce surtout à l’excellent et bienveillant caractère du second, — même après que Dolet se fut établi imprimeur[2].

Jean Faciot, dit aussi Visagier ou encore Voulté (Vulteius), naquit en 1510, à Vandy, près Vouziers (Ardennes) ; il fut professeur et correcteur d’imprimerie à Lyon et à Toulouse, et mourut assassiné le 30 décembre 1542. Protégé par Robert de Lenoncourt, archevêque de Reims, et le cardinal Jean de Lorraine, successeur de celui-ci, Visagier connut tous les lettrés qui, à son époque, habitaient Lyon, et fut en relations littéraires avec la plupart des humanistes de son temps. Comme nombre d’érudits, Faciot aurait été correcteur chez Sébastien Gryphius ; il aurait travaillé également pour Michel Parmentier

  1. Jean Faciot, Epigrammatum libri IIII (voir ci-après, même page).
  2. Bibliographie lyonnaise, 8e série, p. 24-25. — On sait que Dolet, en relations d’amitié avec Rabelais, fut l’un des imprimeurs de notre grand satirique de la Renaissance.