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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

confiés : il finit mal ; pour payer ses dettes, il vendit les meubles du collège qui ne lui appartenaient point et disparut[1].

Guillaume Ier Rouillé, originaire, de Dolus, au pays lochois (Touraine), serait né vers 1518. Possesseur d’une fortune assez élevée, il séjourna, jeune encore, pendant plusieurs années en Italie où il fit son apprentissage de libraire. Arrivé à Lyon vers 1542-1543, il épousa Madeleine fille de Dominique de Portonariis, libraire en cette ville, où il s’établit lui-même en 1544, peut-on croire.

G. Rouillé était un érudit, connaissant parfaitement sa langue, parlant et écrivant également l’italien et le latin, comme le prouvent incontestablement son Promptuaire des Médailles, imprimé en ces trois langues en 1553, sa traduction des œuvres de Cicéron, les épîtres-dédicaces des volumes qu’il édita, et la nombreuse correspondance qu’il entretenait avec ses clients, ses amis et la plupart des lettrés qui habitaient alors Lyon. Au nombre de ces derniers, il faut compter Charles Fontaine[2], correcteur d’imprimerie, qui travailla pour notre Tourangeau et lui dédia quelques vers dans ses Ruisseaux de Fontaine. Guillaume Rouillé mourut à Lyon, dans les derniers jours de juin 1589 : à la tête d’un commerce florissant, il avait acquis en sa ville une situation de tout premier ordre ; échevin, administrateur de la Grande Aumône, il fut « piteux » à tous, envers les membres déshérités de sa famille, comme à l’égard des pauvres de sa patrie d’adoption[3].

Nous avons déjà signalé les critiques qui maintes fois s’élevèrent sur la qualité littéraire des productions lyonnaises. En voici un exemple typique qui rappelle par quelque côté et la concurrence peu courtoise des ateliers parisiens du Soleil d’Or et du Chevalier au Cygne, et les efforts, plus méritoires certes, tentés pour donner satisfaction à des plaintes amplement justifiées.

« Alde l’Ancien employa pour la première fois les caractères italiques dans son Virgile, de format in-8o, daté d’avril 1501. Ces caractères, imités, dit-on, de l’écriture de Pétrarque, furent gravés par l’habile orfèvre François de Bologne ; longtemps appelés testo d’Aldo

  1. Bibliographie lyonnaise, 8e série, p. 243.
  2. Voir, sur Charles Fontaine, page 66.
  3. Bibliographie lyonnaise, 9e série, p. 13.