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LES CORRECTEURS A PARIS
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incontestablement au premier rang des lettrés du xvie siècle. Il mourut le 12 juin 1565.

Guillaume Morel, né en 1505, au Tilleul (Normandie), d’une famille pauvre, réussit à acquérir une instruction remarquable. Professeur de langue grecque à Paris, il abandonna sa chaire pour devenir correcteur chez l’imprimeur Jean Loys surnommé Titelan. Plus tard, il devait lui-même exercer la maîtrise d’imprimeur de 1550 à 1564, associé au célèbre Turnèbe qui, en 1555, se démettait en sa faveur de sa charge d’imprimeur royal pour le grec. Les éditions de Guillaume Morel rivalisent avec celles de Robert Estienne non seulement par la beauté de l’exécution typographique, mais aussi par la pureté et la correction du texte. En 1544, il avait publié, seul, un Commentaire sur le traité « De Finibus » de Cicéron, puis, en 1558, avec Jacques Bogard, une édition des Institutions oratoires de Quintilien.

Scaliger, né à Agen le 4 août 1540, fut pour la langue grecque l’un des meilleurs élèves de Turnèbe ; il étudia l’arabe, l’hébreu, le syriaque, le persan et la plupart des langues de l’Europe. Il devint l’un des philologues les plus réputés de notre pays qui cependant en compta beaucoup au xvie siècle ; il fut, en outre, fort versé dans l’histoire, la chronologie et les antiquités. Après avoir visité les principales universités d’Allemagne et s’être lié d’amitié avec Cujas et de Thou, il se fixa à Lausanne où il habitait lors du massacre de la Saint-Barthélémy, puis à Genève où on lui offrit une chaire à l’Université de cette ville. Il mourut, le 21 janvier 1609, à Leyde où il avait été appelé pour succéder à Juste Lipse. Ses traductions latines et grecques sont considérables et justement réputées.

Isaac de Casaubon est né à Genève le 18 février 1559. Son père se chargea du soin de son instruction et avec tant de souci que, dès l’âge de neuf ans, il parlait latin avec correction et facilité. Casaubon étudia à Genève la jurisprudence, la théologie et les langues orientales ; ses progrès furent si rapides qu’en 1582, à l’âge de vingt-trois ans, il pouvait remplacer son professeur dans la chaire de littérature grecque. Ayant épousé la fille de Henri Estienne, Florence, il publia dès lors, presque chaque année, des éditions, des traductions d’auteurs grecs