Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

la pureté du texte et surveille jusqu’au tirage. Sans doute, l’organisation n’est pas la même dans tous les ateliers ; mais dès les débuts, presque partout, techniciens et lettrés collaborent intimement : l’auteur, le traducteur sont souvent leur propre correcteur, tels Guillaume Fichet, Henri Estienne le médecin, Juste Lipse, Érasme ; l’imprimeur, le maître imprimeur plutôt, corrige et revise lui-même les épreuves de ses travaux, tels Robert Estienne et Jean Oponis ; d’autres fois, un lettré cumule en même temps la charge de prote et celle de correcteur, tel Kiliaan chez Plantin ; mais, fréquemment aussi, cet érudit se borne aux fonctions de correcteur : ce fut, tout au moins, semble-t-il, ce qui se passa, dès 1470, à l’imprimerie de la Sorbonne où Jean de La Pierre assuma la charge de la revision des manuscrits et des épreuves.

Sans dépasser les limites de ce modeste travail, on peut rappeler « les noms de quelques-uns des savants qui ont exercé les fonctions de correcteur dans les imprimeries les plus célèbres » du xve et du xvie siècle.



§ 3. — LES CORRECTEURS À PARIS DE 1470 À 1600


Le premier livre imprimé à Paris par Friburger, Gering[1] et Crantz, parut vers le milieu de l’année 1470 ; il avait pour titre Recueil des Lettres de Gasparino Barzizi de Bergame[2]. Ce volume fut exécuté sous la direction de La Pierre, qui revit lui-même soigneusement les textes et reçut « les grands remerciements de l’auteur pour avoir rendu son

  1. Bien que Gering ait tenu, par la suite, une place prépondérante dans les divers ateliers dont il assuma la direction technique (alors que ses deux compagnons avaient repris le chemin de l’Allemagne), nous ne ferons dans ce court historique aucune différence entre les trois prototypographes parisiens.
  2. Gasparini Bergamensis Epistolarum opus, per Joannem Lapidarium, Sorbonensis scholæ priorem, multis vigiliis ex corrupto integrum effectum.