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uns comme pour les autres ses avantages et ses inconvénients, ainsi que le constatait, en l’an VII (1799), Bertrand-Quinquet :

« Il y avait autrefois pour l’entrée et la sortie des ouvriers, comme pour les apprentis, des règlements qui ne sont pas seulement tombés en désuétude, mais qui ont été entièrement détruits par la Révolution, et, en effet, beaucoup d’entre eux étaient contraires à la liberté et aux droits du citoyen. Mais chaque chose a ses abus ; aujourd’hui un ouvrier entre dans une imprimerie, en sort quand et comment lui semble ; un imprimeur renvoye également un ouvrier sans l’avertir d’avance ; et certes tout cela a de grands inconvénients. Il faudrait de part et d’autre des procédés ; il faudrait que l’ouvrier qui a commencé un labeur, à prix convenu, ne pût le quitter ; qu’un directeur ne pût renvoyer l’ouvrier également ; il est encore des imprimeries où cela se pratique, mais elles sont peu nombreuses. Sans doute, on sentira mieux par la suite les inconvénients qui résultent de cette manière actuelle de se conduire[1]. »


III. — La journée de travail.


A. — Sous l’ancien régime


Quelle fut, sous l’ancien régime, la durée du travail journalier exigée du correcteur ?

Dès les premières années de l’introduction de l’imprimerie en France, on peut assurer que, pour le correcteur, le temps de travail fut sans limite bien précise : la nécessité, l’urgence faisaient loi, ainsi que le souci et le désir de ne point retarder ou interrompre le labeur de l’atelier. Le « train » commencé se continuait jusqu’à l’achèvement de la besogne générale. Engagé pour une longue période ou simplement pour un travail déterminé, le correcteur était alors de ces savants qui, s’intéressant à l’art nouveau, fréquentaient l’échoppe, en assumaient la direction littéraire, et s’attardaient longuement à l’examen de l’œuvre. — C’est l’époque où les imprimeries existantes empruntent

  1. Traité de l’Imprimerie, p. 279.