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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

en 1467, il aurait fait paraître le volume prétendu le premier imprimé en France : Francisci Florii Florentini De Amore Camilli et Æmiliæ Aretinorum liber expletus est Turonis. — Editus in domo Guillermi Archiepiscopi Turonensis, anno Domini millesimo quadringentesimo sexagesimo septimo pridie kalendis januarii. — Les savants se sont divisés en deux camps au sujet de l’interprétation exacte, de la traduction correcte, à donner à ce texte latin. Aux mots expletus et editus nombre d’écrivains ont imposé ici, respectivement, le sens de composé, écrit, et de donné ou envoyé, au lieu de la signification terminé, imprimé, acceptée fréquemment : editum hoc opus, liber editus. D’autre part, certains lettrés ont pensé devoir écrire : « Guillaume, archevêque de Tours », et les adversaires de Maittaire font observer qu’en 1467 l’archevêque de Tours s’appelait « Gérard de Crussol » ; mais d’autres bibliophiles ont donné la version : « Guillaume Archevêque, de Tours », et, de fait, à cette époque on rencontre à Tours une famille Archevêque (ou mieux Larchevêque) dont le chef était maître maçon, architecte plutôt. Maittaire et ses partisans sont d’accord avec les dernières lignes de la note marginale du manuscrit de la Bibliothèque de l’Arsenal : « dont premier a faict devoir dudict art d’impression audict Royaulme de France ». — Mais, d’après A. Claudin[1], l’opuscule de Francesco Florio, « terminé (expletus) et mis au jour (editus) à Tours, dans la maison de maître Guillaume Larchevesque », aurait été imprimé à Paris, peut-être vers 1474, dans l’atelier de Pierre César et Jean Stoll établis, en 1473, rue Saint-Jacques.

Quelle que soit l’opinion que l’on adopte, il faut remarquer qu’il ne s’agit ici que d’un fait passager, d’un acte qui ne devait point se répéter ; l’on ne saurait dès lors dater de 1467 l’introduction de l’imprimerie en France. D’ailleurs, aux premières années du règne, l’attention de Louis XI avait été absorbée tout entière par des difficultés politiques fort graves ; entraîné dans une lutte sans merci contre Charles le Téméraire, le fils de Charles VII n’avait pas eu le loisir d’étudier et de reprendre les projets du feu roi son père. Enfin, s’il faut en croire certain racontar (?), l’aventure de Fust, l’un des compagnons de Gutenberg, n’était rien moins qu’encourageante. Venu à

  1. Histoire de l’Imprimerie en France au xve et au xvie siècle, t. I, p. 122.