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b. — À l’Étranger


Les trois exemples que nous venons de citer nous ont entraîné loin de l’ordre chronologique ; il est nécessaire de retourner en arrière pour faire connaître, par quelques exemples, quelle était, en cette même période que nous venons de parcourir (1539-1572), la situation d’un correcteur dans un pays voisin du nôtre. L’étude sera plus aisée, plus sûre aussi, grâce à l’admirable richesse des « livres de comptes[1] » du Musée Plantin à Anvers.

En 1568, Philippe II d’Espagne envoie à Anvers Arias Montanus pour diriger l’édition et surveiller la correction de la Bible polyglotte dont Plantin avait accepté d’assumer la charge de l’impression. Pour tout le temps que son chapelain devait séjourner aux Pays-Bas, le roi lui accorda une indemnité annuelle de 300 ducats de 2 florins chacun[2].

Le 5 février 1558, Plantin inscrivait dans son journal : « Ledict jour 5e de février 1558, payé à Pierre de la Porte et à Cornelis (il s’agit ici, affirme M. Rooses, de Cornelis van Kiel, appelé encore Cornelis Kiliaan ou Kilien), dit spécial, 24 pages composées de journal in-24, lectre non pareille, 18 sous. » — Le samedi 12 février 1558, autre mention : « À Cornelis pour six jours de travail, à 5 patards par jour, fl. 1,10. »

Le futur philologue néerlandais commença donc sa carrière à l’imprimerie plantinienne comme simple ouvrier compositeur. Un mois après, il était nommé contremaître et venait habiter à l’imprimerie. « Le dimanche 6e jour de mars est venu Cornelis… demeurer ceans aux despens et pour tasche commune doibt avoir 13 patards par semaine, sauf à rabbattre les faultes qui pourraient être faictes à l’imprimerie, à rabbattre selon son esgale portion, et aussy luy payeray ce qu’il pourroit faire davantage, s’il advient ainsi… et aussi m’a promis ledict

  1. Résumés d’après M. Rooses, Christophe Plantin, imprimeur anversois.
  2. Le florin ayant approximativement une valeur représentative de 8 francs en 1883, la somme annuelle accordée par le roi à Arias Montanus aurait été de 4.800 francs. — En Espagne son traitement était de 80.000 maravedis, que M. Rooses estime valoir 2.500 francs environ (1883). — Pour connaître leur valeur réelle en 1923, il est nécessaire de multiplier les chiffres de 1883 par le coefficient 3,50.