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est loisible de donner certaines précisions générales sur la situation financière de l’ouvrier imprimeur ou du compositeur, au cours du xvie, du xviie et du xviiie siècle.

Malheureusement, en raison même de sa situation qui fait de lui un chef — alors qu’il est prote-correcteur, — ou qui lui crée une place à part — s’il est simple correcteur, — et le met ainsi au-dessus et en dehors des partis, le correcteur n’est que rarement nommé dans ces actes du Pouvoir (Parlement, Conseil privé, roi). Aussi les documents officiels font-ils complètement défaut sur le salaire que recevait le correcteur pour la rémunération de ses « bons et loyaux » services.

À peine, dans l’important et si instructif travail que constitue pour notre corporation la Bibliographie lyonnaise de M. Baudrier, avons-nous trouvé une trentaine de mentions concernant le prélecteur, le collationneur ou le correcteur d’imprimerie : la plupart sont relatives à des taxes, à des impositions, ou mentionnent la présence des intéressés à la conclusion par-devant notaires d’actes privés ; une dizaine, au plus, contiennent des indications, aussi nettes que précieuses, sur le contrat de travail, sa durée et le salaire d’un correcteur au xvie siècle.

Force nous sera donc, en écrivant rapidement ce paragraphe, de nous borner maintes fois à rappeler les salaires des ouvriers compositeurs. On en déduira aisément, par approximation, le taux des appointements alloués au correcteur. Lorsqu’un document précis viendra dissiper l’obscurité qui enveloppe cette question, ce sera une bonne fortune dont le lecteur profitera avec le plus vif plaisir.


B. — Les salaires au xvie siècle


a. — En France


Sentence du sénéchal de Lyon du 31 juillet 1539 — Un arrêt du Conseil privé, en date de 1536, condamne « un quidam, maistre imprimeur, notamment de Lyon, qui vouloit retrancher la nourriture accoustumée desditz compagnons ». À cette époque, le compagnon reçoit un salaire mensuel ; il mange chez son patron, « mais à une table