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meritissimos ipsius Ecclesiæ. Si vero quidpiam erratum compertum fuerit equi bonique consulatur : memores nos esse omnes imperfectos, solus vero Deus perfectus : cui sit honor… Non moins curieux, pensons-nous, le colophon d’un missel[1] imprimé en 1531, au monastère d’Ainay, du diocèse de Lyon, par le prieur claustral Balthazard de Thuerd, de l’Ordre de Saint-Benoît. Sur le verso du dernier feuillet, l’auteur s’excuse ainsi des erreurs d’impression : Si vero quidpiam erratum compertum fuerit : prime impressioni danda est venia : In nullo si quidem peccare potius est divinitatis quam humanitatis : Dormitasse quandoque dictus est Homerus.

Nous trouvons un exemple frappant de l’ingratitude qui parfois est la seule récompense des correcteurs les plus dévoués et les meilleurs dans l’aventure suivante survenue à Guillaume Guéroult, correcteur chez Arnoullet. — Balthazar Arnoullet, qui fut maître imprimeur, puis libraire à Lyon, naquit vers 1517 et mourut dans les derniers jours de novembre 1556. Entré vers 1537, en qualité de compagnon, au service de Jean Barbou, maître imprimeur à Lyon, il devint rapidement chef d’atelier, prote, grâce à ses qualités et à son habileté techniques. En récompense de ses services Arnoullet épousait en 1541 la fille de son patron, Denise Barbou, et, en 1542, à la mort de son beau-père, il prenait la direction de l’imprimerie. Son instruction littéraire n’étant pas suffisante et le besoin d’un correcteur habile se faisant sentir, Arnoullet confiait cette tâche délicate à Guillaume Guéroult. Ce dernier, originaire de Normandie, érudit, poète à ses heures, arrivait de Genève où il avait travaillé chez Simon du Bosc, son neveu. Balthazar Arnoullet, dont les sentiments religieux inclinaient fortement, dit-on, vers les « nouvelles doctrines[2] », avait trouvé chez Guéroult une similitude d’idées qui, sans doute, l’avait incité à donner toute sa confiance au nouveau correcteur ; au bout de quelque temps, il lui fit épouser sa belle-sœur, Jacquette Barbou ; puis il édita nombre des œuvres de son beau-frère. Parmi ces travaux, qui furent loin de nuire à la fortune et à la réputation de la Maison, il faut citer : en 1540, le Premier Livre des Emblèmes, réimprimé en 1550 ; en 1550,

  1. Incliti Cenobii Athanensis in diocesi Lugd. Ordinis divi Benedicti Missale… (Bibliographie lyonnaise, 1re série, p. 426.)
  2. C’est-à-dire « vers le protestantisme ».