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du 20 octobre 1516, du 3 juin 1543). — En 1538, le roi-chevalier dispense les imprimeurs du service des gardes bourgeoises ou de celui qui était réclamé des bourgeois dans les circonstances graves, « de peur que ce service ne les trouble et ne les engage à abandonner leur profession, ce qui serait contraire à l’affection qu’il porte à leur accroissement ».

Celui qui mérita le surnom de « Père des lettres » ne borna d’ailleurs pas ses témoignages de satisfaction envers les maîtres à ces mesures d’ordre général. À nombre d’entre eux il devait donner des marques de particulière estime : « Dans une rue étroite, obscure et montante, dit Crapelet, on voyait quelquefois venir un cavalier de grand air et de noble figure, suivi de pages, d’écuyers ou de quelques plus graves personnages montés sur des mules. Une autre fois c’était une belle et élégante dame montée sur un destrier, également accompagnée d’une escorte plus brillante que nombreuse. Les cavalcades cheminaient lentement par la rue Saint-Jean-de-Beauvais ; s’arrêtant devant l’enseigne de l’Olivier, elles mettaient pied à terre au montoir et entraient dans la maison de Robert Estienne. Le noble cavalier était François Ier ; la belle dame s’appelait Marguerite de Valois, sœur du roi et reine de Navarre, aimable, spirituelle, savante autant que belle. Dans ces visites du roi de France ou de la reine de Navarre, la conversation générale, à part quelques explications relatives au mécanisme de la typographie, s’engageait en latin entre l’imprimeur et ses nobles interlocuteurs. »

Le roi accorda encore sa protection à nombre d’autres savants. Étienne Dolet, dont les opinions philosophiques éveillaient par trop les susceptibilités des lecteurs de l’Université, ne trouva point de meilleur défenseur. À l’abri des colères du Clergé, l’humaniste — de correcteur devenu imprimeur — put, durant quelques années, continuer en paix la rédaction et l’impression de ces ouvrages qui, sous l’enseigne À la Doulouere d’Or, consacrèrent sa réputation de typographe.

L’une des faveurs les plus enviées par les premiers imprimeurs fut l’octroi d’un privilège[1] pour les ouvrages dont ils avaient assumé

  1. Il ne faut pas confondre le privilège, qui fut un acte gracieux, une faveur, avec la permission, l’autorisation d’imprimer que tous les libraires ou imprimeurs devaient