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lecteur sourit de pitié, en constatant ces erreurs dont il ne s’explique point les raisons.

Les réclames des colonnes seront l’objet d’un examen particulier : par suite d’un remaniement, une ou plusieurs lignes peuvent, par inadvertance, être reportées à une colonne autre que celle où elles doivent figurer.

Enfin, il est indispensable de jeter un coup d’œil sommaire sur le texte lui-même : la vérification d’un alinéa de tête, de milieu et de fin de colonne n’est pas suffisante ; il faut parcourir vite — trop vite, répétons-le — l’ensemble du texte ; s’assurer que les alinéas se suivent bien ; que nulle transposition ou interversion n’a eu lieu ; qu’une ligne à recomposer n’a pas été maintenue, et que la ligne recomposée n’est pas venue se joindre à elle ; qu’aucune ligne-bloc n’est à retourner, etc.

Pour tous les romans et articles à suivre, on vérifiera la date, le numéro et la réclame ; on s’assurera que les mots suite, à suivre, fin ou autres, la signature de l’auteur, la mention des droits réservés figurent bien sur l’épreuve.

Enfin, la signature de l’imprimeur, le nom du gérant sont indispensables ; leur oubli serait, au point de vue judiciaire et légal, cause d’inconvénients hors de proportions avec le fait lui-même.

S’il satisfait scrupuleusement à ce minimum de précautions[1], le correcteur de morasses pourra estimer non point qu’il a rempli sa tâche au delà des obligations imposées, mais simplement qu’il s’est efforcé, dans la limite des circonstances, d’éviter « les pièges tendus involontairement à sa vigilance ».



  1. « Constatations impossibles au correcteur, puisque la morasse est lue (?!) par la rédaction », nous oppose en un langage concis un correcteur dont l’expérience est déjà longue. — S’il plaît à un secrétaire de rédaction de se réserver le monopole du « coup d’œil » jeté à la hâte sur une morasse et de faire constater à un public de nombreux lecteurs les résultats parfois déplorables de son inexpérience en matière de correction, nous avons, nous le reconnaissons volontiers, écrit ici beaucoup de choses pour ne rien dire. Mais nous savons qu’un très grand nombre de journalistes intelligents se gardent de confondre et les mots et les fonctions : « ils sont à la page » et à l’heure : ils ne sauraient prendre un « œil de bœuf » pour un… œuf… (voir p. 235 et 400).