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nettoyées ; le caractère est empâté, soit du fait des épreuves à la presse à bras ou à la brosse, soit à cause de la poussière qui recouvrait nombre de pages empilées depuis de longues semaines dans un coin de l’atelier. Quelques « bois » sont écrasés, alors que d’autres ne révèlent même pas leur présence par une minime tache ; le registre est chose inconnue ; une marge n’existe plus, alors que l’autre s’élargit ample à souhait pour absorber tous les « microbes correctionnels » du correcteur chirurgien : l’ensemble donne l’idée d’un placard innommable.

Il y a là un manque absolu de compréhension des conditions dans lesquelles doit s’exécuter un travail aussi important que celui de la vérification d’une tierce. Sans craindre aucun démenti, on peut affirmer qu’une telle vérification est absolument illusoire, et qu’il eût mieux valu ne pas la faire, car parfois on est tenté de fonder quelque espoir sur elle, alors qu’elle est à chaque instant un traquenard.

La feuille de tierce, en quelque cas que ce soit, ne saurait être remise au tierceur qu’après une mise en train sommaire ; le papier tenu rigoureusement propre sera celui sur lequel le tirage doit être exécuté ; le caractère sera soigneusement lavé, et les lettres empâtées décrassées ; les bois seront de hauteur convenable, et la figure devra paraître de manière suffisante pour permettre sa vérification ; le registre sera terminé, et les marges bien régulières.

Sans doute, le tierceur attendra quelques instants de plus la remise de sa tierce ; mais ce quart d’heure, cette demi-heure d’attente ne seront nullement perdus : la tierce sera plus rapidement visée, plus sûrement vérifiée et moins chargée de corrections ; ainsi tout le monde, tierceur, corrigeur et même imprimeur, y trouvera son compte.


III. — Comment « voir » la tierce.


Avec une tierce convenable, le tierceur peut opérer, nous l’avons vu, une revision plus soignée et dans laquelle il aura pleine confiance.

Nous disons revision, et avec raison : il n’est pas d’usage, en effet, de relire entièrement les tierces. Non point que l’on doive « considérer comme une opération inutile la lecture des tierces : la correction irré-