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tivement la copie et ne l’interrompait que lors de besoin voulu. Qu’on vînt le demander, il n’y était pas, à moins que ce ne fût pour des motifs d’une urgence extrême. Malgré ces précautions, M. P. Didot faisait encore lire une double épreuve par un de nos bons grammairiens, et, de plus, les tierces étaient conférées et relues avec une grande attention. »

Sans aucun doute, Frey avait encore présent à l’esprit cet exemple de P. Didot, lorsqu’il écrivait dans son Manuel de Typographie : « Deux genres d’attention bien distincts et pourtant inséparables constituent l’exercice de la lecture typographique : lire une épreuve lettre à lettre, syllabe à syllabe, mot à mot ; et, en même temps, saisir la justesse de sens isolé et de sens relatif des locutions, phrases, propositions et périodes du langage ordinaire, aussi bien que du langage des chiffres et d’autres signes, comme l’arithmétique, les mathématiques, etc. »

On ne peut assurément mieux définir le rôle du correcteur pendant la lecture. Aussi est-ce avec raison que l’on a pu dire : « Pour bien lire, il faut astreindre à une gymnastique spéciale l’œil[1] », la mémoire et l’intelligence.

Si, dans le cercle forcément restreint où l’enferment ses attributions, le teneur de copie n’est point tenu de posséder la mémoire, tout au moins doit-il « astreindre à une même gymnastique spéciale ses yeux et son intelligence ». Faute de quoi il ne pourra jamais être qu’à demi teneur de copie.


IV. — Ce que le correcteur doit « voir »
au cours de sa lecture
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La tâche du correcteur est considérable ; pour la remplir, il doit faire appel à toutes ses capacités.

I. a) Mais, pour qu’une « collation aussi rigoureuse que possible de la composition avec le manuscrit de l’auteur » donne tout le

  1. Ch. Ifan, le Prote, étude-causerie.