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à leur aise » pour la rapidité et l’exactitude avec lesquelles leur travail devait être exécuté. La lettre suivante en est un témoignage ancien fort curieux et intéressant : « Vous savez qu’on n’est pas toujours maître d’un imprimeur pour les corrections, car, quand on voudroit donner les épreuves à des personnes qui pourroient les corriger, il faut que leur tems puisse s’accorder avec celuy des ouvriers, or cela n’est pas toujours facile ; un correcteur prendra son tems, comme cela est raisonnable, et un ouvrier perd patience si cela dure trop longtems[1]. »

Cette nécessité de « prendre son tems » dégénéra sans doute parfois en abus, et cela presque dès les débuts de l’imprimerie, car à cette époque le Pouvoir crut devoir prendre à l’encontre de cet usage des mesures qui étonnent aujourd’hui : la déclaration du 1er août 1539 enjoint aux correcteurs de « rendre leurs corrections aux heures accoutumées d’ancienneté » … — « J’ignore, dit M. L. Morin, quelles étaient les « heures accoutumées » fixées comme délai de reddition des épreuves. Mais j’ai trouvé, dans un contrat du 26 mai 1655, pour l’impression d’un ouvrage intitulé : Article cent trente-neuf de la Coutume de Troyes, que le correcteur devait en rendre les épreuves une heure et demie après les avoir reçues. »

Nous aurions aimé connaître la quantité, le format et la longueur de justification des épreuves « que le correcteur devait rendre une heure et demie après les avoir reçues » ; regrettons que M. L. Morin qui, sans doute, a pu examiner l’ouvrage dont il parle, ait omis de compléter sur ce point les renseignements donnés ici.


III. — Comment le correcteur doit-il « lire » les épreuves ?


« Il y a deux façons de lire les premières : soit seul, soit avec un teneur de copie. »

I. « La lecture des premières faite par le correcteur seul lui impose

  1. Lettre du chanoine Remy Broyer, de Troyes (23 juillet 1725), d’après L. Morin.