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SES FRÈRES
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celui indiqué par Larousse. La « collation est l’action de conférer, de confronter une copie avec l’original pour en constater l’exactitude : Les clercs de la vie commune aux Pays-Bas s’occupaient de la collation des originaux dans les bibliothèques » (Chateaubriand, Génie du Christianisme, IV, vi, 5) ».

Egger, dans son Histoire du Livre, nous paraît donner du mot collationner une définition encore plus explicite : « L’incorrection des anciens manuscrits a fait naître peu à peu une science presque nouvelle, la critique des textes, celle qui s’exerce à conférer entre eux les manuscrits d’un même ouvrage, à en relever les variantes, pour choisir la meilleure leçon, quelquefois pour la restituer par conjecture, dans certains passages où toutes les copies présentent une leçon fautive[1]. »

La différence entre cette rédaction et le texte de Larousse rappelé plus haut est certes d’importance ; et c’est incontestablement, pensons-nous, dans le sens indiqué par Egger qu’il faut considérer le travail auquel dut se livrer le collationneur qui accepta la tâche à laquelle font allusion les deux actes suivants rapportés par M. Baudrier :

19 mai 1548 : Conventions relatives à l’impression d’un Cours de droit civil avec glose d’Accurse. L’Université d’Avignon avait dans ses archives un manuscrit de droit civil avec les gloses d’Accurse, en parchemin de 643 feuillets qui lui avait été légué par le cardinal de Saluces. Barthélemy Bordel, docteur ès droits, au nom de Jacques, Jean et Claude Senneton, marchands à Lyon, voulant faire imprimer ce Cours de droit civil dont ils avaient aussi un exemplaire, demandèrent celui de l’Université pour leur servir de contre-copie. Le primicier et les docteurs de l’Université y consentent par l’intermédiaire de Me Jacques Navarin, primicier, Pierre Girard, Jacques Claret, Antoine Parisii, Thomas de Mande et François de Sobiros, docteurs, à condition que le manuscrit leur soit rendu, dans trois ans, sans « aucune fracture, corruption, rature ni macule » … Barthélemy Candale, marchand d’Avignon, se porte caution pour Barthélemy Bordel et les frères Senneton et s’oblige jusqu’à la somme de 500 écus pour la garantie de l’Université[2].

25 juin 1554 : Pactes et conventions sur l’impression de certains libvres cy apres désignés entre les frères du couvent des Jacopins d’Avignon, d’une part, et les frères Senectons de Lyon, d’aultre, avec caution.

  1. Egger, Histoire du Livre, p. 238.
  2. Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 7e série, p. 373-374. — L’ouvrage étant imprimé, le 4 novembre 1552, « les docteurs de l’Université d’Avignon reconnaissent avoir reçu des frères Jacques, Jean et Claude Senneton, un volume appelé Cours civil en parchemin de 643 feuillets » remis à ces derniers « aux fins icelly imprimer et servir de contrecopie ».