Le travail assumé, « prins en charge », pour employer l’expression notariale, était, on le voit, tout autre que celui dont parlent Larousse et Diderot : Michel Servet acceptait, suivant un terme d’usage courant à notre époque, de « reviser soigneusement » la glose ordinaire de la Bible et ses traductions, puis de « l’augmenter » d’additions et d’annotations, de faire les tables et de « fournir œuvre » à deux ou trois presses ; il était tenu, en outre, suivant les usages typographiques d’alors, « d’orthograffier, accentuer, punctuer et dythonguer ». Ainsi Michel Servet était, en même temps, auteur, prélecteur ou préparateur de manuscrit et correcteur : c’était évidemment un peu plus que ne le comportent d’ordinaire les fonctions de lecteur d’épreuves[1].
Le travail auquel fait allusion l’annotation suivante nous paraît bien encore être une des attributions réservées, au xvie siècle, au « prélecteur d’imprymerie ». Au verso du feuillet 120, le dernier chiffré, d’une édition de Dioscoride imprimée en 1512, à Lyon, par Gilbert de Villiers, pour le compte de Barthélemy Trot[2], on lit : Explicit liber Dyoscoridis de Natura Simplicium quem Petrus Paduanensis Padue legendo correxit et exponendo que utiliora sunt in lucem deduxit[3].
II. Voyons maintenant ce que pouvait être le collationneur d’imprimerie.
D’après Larousse, « collationner c’est, en typographie, vérifier sur une épreuve d’imprimerie si les corrections indiquées sur une épreuve précédente ont été faites. On dit plus ordinairement reviser. » — L’érudit du xvie siècle n’eût été ainsi qu’un très ordinaire correcteur reviseur. Le fait nous semble peu probable.
Littré, d’ailleurs, donne du mot collation un sens fort différent de
- ↑ Voir, page 495, les salaires accordés à Barthélemy Aneau et à Bonnaud de Sausset pour un travail de « prélection ».
- ↑ Libraire à Lyon de 1491 à 1535.
- ↑ « Ici se termine le livre De la Nature des Simples de Dioscoride, lu et corrigé par Pierre le Padouan qui dans ses annotations a mis lumière les choses les plus utiles. »
Nous nous abstiendrons fréquemment de donner la traduction des textes latins que nous rapporterons dans ce travail. Nous supposons que les correcteurs, auxquels nous nous adressons, lisent à livre ouvert les courtes citations latines de notre étude.
sous le titre « Biblia sacra » ex Santis Pagnini translatione ; elle fut imprimée par Gaspar Trechsel, imprimeur à Lyon, qui figurait au contrat comme témoin. — Au folio ij on lit : Michael Villanovanus lectori suo S.