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III. — Le symbolisme de la correction.


1. La correction utilise, aussi bien pour l’indication des « fautes de composition » que pour les « changements à faire au texte », un certain nombre de signes conventionnels abréviatifs.

2. Parmi ces signes, les uns ont été empruntés par les premiers correcteurs aux manuscrits des anciens copistes : a) leur forme primitive a été quelquefois conservée, mais plus souvent légèrement modifiée ; b) d’autres ont été imposés par les circonstances ; c) enfin, un certain nombre ont été créés de toutes pièces.

Dans son Manuel de Paléographie latine et française du vie au xviie siècle, M. M. Prou écrit[1] :

À partir de l’époque carolingienne les abréviations se multiplient, à ce point que les divers fac-similé d’écriture que nous donnerons deviendraient incompréhensibles pour nos lecteurs, si nous n’avions exposé auparavant les divers modes d’abréviation employés au moyen âge, soit dans les textes latins, soit dans les textes français. Remarquons tout de suite que, lorsqu’on se mit au xiiie siècle à rédiger les textes en français, ou à transcrire des poésies françaises, les scribes transposeront dans la graphie française les habitudes de la graphie latine ; les mêmes signes d’abréviation furent conservés ; c’est à peine si la valeur de quelques-uns fut modifiée.

Au nombre des abréviations dont M. Prou indique l’emploi, figurent les suivantes : 1° les sigles, dont on retrouvera un exemple typique dans le « signe de transposition » ;… 5° les signes spéciaux, qui sont la base même de la correction typographique, si essentiellement abréviative.

— Parmi ces derniers figure au premier rang la cruphie, ou cryphie, qui fut, au moyen âge, l’un des signes les plus fréquemment employés, et qui est devenue notre signe de « lettre douteuse ou mauvaise ».

M. Prou[2] nous donne l’énumération de quelques autres :

Un point placé au-dessous d’une lettre indique que cette lettre a été écrite par erreur et qu’elle doit être supprimée. Ce système de suppression, appelé exponctuation, était déjà en usage au ve siècle. Plus rarement, les points sont placés au-dessus des lettres à supprimer. Quand il s’agit d’un mot écrit tout entier par erreur, pour indiquer qu’il doit être retranché, on a recours à divers procédés : on le met entre deux points, on l’encadre dans une série de points ou bien on le souligne…

  1. Page 45 (Paris, Alph. Picard, édit.).
  2. Ibid., p. 151.