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Non assurément, car cette méthode, le plus souvent impraticable, serait défectueuse même au point de vue commercial. Chaque Maison a ses spécialités : ce qui est applicable dans un traité de mathématiques ne le serait certes point dans un roman ; un labeur, même tout ordinaire, exige d’autres précautions, une correction plus régulière et plus homogène qu’un journal ; un traité de médecine comporte des arrangements différents de ceux d’un traité de littérature ; un volume de piété ne supporte point les ornements d’un livre d’aventures.

L’uniformité dont il s’agit ici est de tout autre condition : dans une imprimerie, tout labeur, toute publication peut et doit parfois avoir sa marche propre ; en principe, cette marche particulière doit se rapprocher le plus possible de la marche générale préconisée par le vade-mecum ou le memento.

Le rôle de ce manuel est modeste, mais combien utile : recommander et faire en sorte qu’entre tous ceux qui coopèrent au délicat travail qu’est la confection d’un livre s’établisse une absolue concordance d’idées et d’actes. Cette concordance d’idées et d’actes n’est rien autre que l’application de la marche indiquée par le correcteur, lors de la préparation du manuscrit.

Que l’on ne vienne point, à l’encontre de la nécessité de la préparation du manuscrit, objecter parfois l’urgence du travail.

Le maître imprimeur prend volontiers deux heures, et même… plus, pour établir son devis ; ne peut-il, afin d’assurer la revision du manuscrit, « solliciter du client un quart d’heure de grâce », sur le terme qui lui est imparti, pour la livraison. Qu’importe même un quart d’heure, une heure de retard dans la « mise en mains », si ce minime délai assure en définitive une exécution plus soignée et plus rapide du travail : gain de temps ici, gain d’argent là.

D’ailleurs, dans une Maison bien organisée, chaque chose a sa place, chaque travail vient à son heure. Un prote sait prévoir ; pour lui, l’objection « d’urgence » est de nulle valeur, lorsqu’il s’agit de si minime différé.

Ce que nous considérons aujourd’hui comme un travail supplémentaire était autrefois une obligation. Dans « l’Édit concernant