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DÉFINITION
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double point de vue de la syntaxe et de l’orthographe[1] » (fautes de composition littéraire et erreurs d’écriture). Agir ainsi ne serait, il est bon de l’affirmer, être correcteur qu’à demi et ne « faire de la correction » que par à peu près. Pour mériter réellement le nom de correcteur, il faut être typographe et lettré : le rôle que le correcteur doit remplir est en effet tout à la fois manuel[2] et intellectuel.

Dans son Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes[3], Th. Lefevre affirme, bien qu’un peu timidement, la nécessité de ce double rôle : « La personne qui est chargée de la lecture des épreuves, et que nous supposerons connaître, au moins théoriquement, la composition dans tous ses détails, doit non seulement corriger les fautes contre la langue (française ou autre) et la ponctuation, mais encore… »

Le correcteur, d’après Th. Lefevre, doit être lettré et technicien au moins théorique ; à notre sens, il serait préférable qu’il ait exercé quelque peu la typographie pour remplir les conditions suivantes : « Le correcteur doit non seulement corriger les fautes d’orthographe, mais aussi celles de ponctuation, avec les réserves que nous faisons d’autre part. Il doit encore veiller — et c’est là, nous l’avons déjà dit, une des parties les plus importantes de ses fonctions — veiller avec soin à l’application des règles typographiques. »

N’en déplaise à l’auteur de ces lignes, « l’application des règles typographiques » ne saurait être d’essence plus importante que « la correction des fautes d’orthographe ». Règles typographiques et règles grammaticales sont toutes deux d’égale valeur : dans un livre que l’on veut parfait les unes ne sauraient se concevoir sans les autres.

Fournier et Daupeley-Gouverneur, pour ne citer que ces deux auteurs, sont fort explicites sur ce point : « Étant posées les règles de composition et de mise en pages, il est nécessaire qu’un gardien fidèle en assure l’exécution : le correcteur est ce gardien.

« … Le correcteur, pour n’avoir point un rôle actif dans les opérations manuelles qui ont pour base le composteur et la presse, n’en est

  1. G. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 213.
  2. Manuel : nous employons ce mot non point dans son sens strict, mais simplement parce que le correcteur doit veiller à l’application rigoureuse des règles typographiques.
  3. Th. Lefevre, chap. viii, Lecture des épreuves, p. 535.