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préférera les « vies » des grands capitaines, des explorateurs, et les ouvrages de vulgarisation ; un romantique, un poète, un rêveur s’isolera avec Fénelon, Chateaubriand, Racine, Lamartine ; un pondéré, un classique fera ses délices de Bossuet, de Boileau, de Jean-Jacques, de Thiers, etc. ; un esprit sarcastique, frondeur, s’accommodera de Voltaire, de P.-L. Courier ; un « politique » aura toute satisfaction de Mirabeau, de Siéyès ; une âme mièvre, fluette, enjouée, aimable, amie de la grâce de bien dire et des gentes manières, tressaillera de plaisir aux narrations de Mme de Sévigné.

Ce tribut payé aux grands littérateurs, le correcteur se souviendra des modernes et des contemporains. Un travailleur intellectuel tel que le correcteur ne peut se désintéresser de son siècle : il travaille toujours pour lui, souvent par lui — les réimpressions des grands auteurs classiques sont peu nombreuses ; — il doit étudier avec lui les lettres, les arts et les sciences. Au surplus, sur ce dernier point, il n’est pas nécessaire de rappeler ce qui convient au calculateur, non plus qu’à l’admirateur passionné des découvertes modernes : personne ne saurait, dans les circonstances présentes, songer à faire appel aux travaux du « maître à danser ».

Les arts et les sciences ont singulièrement évolué depuis l’invention de l’imprimerie. Chaque jour ajoute un progrès nouveau au progrès ancien. Le correcteur qui ne se préoccuperait point de cette transformation ne saurait maintenir son instruction au niveau nécessaire.

On s’imagine aisément ainsi « combien vaste est le cycle des connaissances que doit parcourir l’esprit toujours en éveil du correcteur ». Insister davantage serait hors de propos ; toutefois, avant de terminer ce paragraphe, nous devons dire un mot encore.

III. Il est une branche de l’activité — le mot est certes de circonstance — il est une branche de l’activité humaine dont l’étude, en notre temps, s’impose au correcteur autant que n’importe quelle autre : celle des sports.

Les sports sont à la mode ; les meilleurs de nos éducateurs et de nos dirigeants estiment qu’ils doivent être obligatoires pour tous les jeunes. En attendant, ils sont libres et passionnent l’opinion, même de ceux qui contestent non point leur utilité, mais seulement la manière dont on les applique.