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Dans une affiche une disposition analogue à celle-ci :

L’
ENGRENAGE


est un défi au bon sens et au bon goût. Certes le correcteur doit avoir une autorité suffisante pour obliger le compositeur à ne pas user de semblables licences.

Défi au bon sens encore, cette insertion d’un journal :

À VENDRE
aux enchères publiques

. . . . . . . . . . . .

6° Une bicyclette de dame ;
7° Un œuf de bœuf grand ;
8° Un lit enfant (émail blanc)[1] ;

. . . . . . . . . . . .

Quelque défectueux qu’ait pu être le manuscrit, le bon sens devait incontestablement suggérer au correcteur que la science, malgré tous les progrès réalisés, n’avait pu encore obtenir ce résultat fantastique de… « faire pondre un bœuf ». Il est certes plus facile d’imaginer le « bœuf » du Client, dont l’œil dut s’illuminer de trente-six chandelles !
xxxx « L’œuf de bœuf » rappelle « l’œuf de sanglier » dont parlait la Loi sur la chasse promulguée en 1913 en Alsace-Lorraine, à cette époque « terre d’Empire ». Un certain paragraphe 4 contenait cette défense inattendue : « Toutefois, il est défendu de chasser, du 1er mai au 30 juin inclus, les bécasses, les outardes, les sangliers, et autres oiseaux d’eau et de marais. » Un avis complétait cette interdiction : « En outre, durant cette période, il est interdit de prendre les œufs des animaux sus-nommés. » — Le bon sens des correcteurs de Berlin montait peut-être déjà la garde à la frontière ! Tout s’explique dès lors.

Le bon sens du correcteur doit encore être uni à son bon goût dans la correction des compositions de style. Rien n’est plus désa-

  1. La Dépêche du Centre, 2 octobre 1919.