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DÉFINITION
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§ 2. — DÉFINITION DU CORRECTEUR


La définition du correcteur donnée, dans le Dictionnaire de l’Imprimerie et des Arts graphiques, par E. Desormes et A. Muller, deux praticiens cependant avertis, est d’une telle concision qu’elle manque réellement de précision :

Correcteur, n. m. — Personne qui lit les épreuves. À l’Imprimerie Nationale[1], celle qui lit en premières se nomme lecteur d’épreuves ; on n’est correcteur que si l’on a les aptitudes requises pour lire en secondes et en revision[2].

Cette brièveté certes est regrettable ; elle contribue à entretenir dans l’esprit du public une conception par trop restreinte, et conséquemment erronée, du rôle du correcteur. Même parmi le monde lettré l’usage s’est établi de considérer et de voir exclusivement dans le correcteur « celui qui lit les épreuves pour corriger les fautes d’impression ».

Les « auteurs » du Dictionnaire de l’Académie paraissent avoir eu malencontreusement une manière de voir analogue : « La correction est l’art ou l’action de corriger les épreuves, d’indiquer les fautes de composition, afin que l’ouvrier les fasse disparaître. »

Remarquons, à l’excuse des « Immortels », que l’erreur qu’ils ont ainsi contribué à encourager ne date pas d’aujourd’hui : au xviiie siècle, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert disait déjà[3] : « Le correcteur d’imprimerie est celui qui lit les épreuves, pour marquer à la marge,

  1. La situation du correcteur et celle du lecteur d’épreuves à l’Imprimerie Nationale feront l’objet d’une étude spéciale (p. 135).
  2. Cette démarcation est inexacte, on le verra plus loin (p. 136 : Lecteurs d’épreuves et viseurs de tierces : Fonctions).
  3. Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par une Société de Gens de lettres, mis en ordre et publié par M. Diderot, et quant à la partie Mathématique par M. d’Alembert, t. IX, p. 543 (Genève, 1777).