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Tous, enfants, nous avons plus ou moins appris l’orthographe sur les bancs de l’école ou du collège, grâce aux leçons de nos maîtres, aux travaux des grammairiens et aussi au secours des lexicographes. Plus tard, une étude approfondie et persévérante de la langue, des lectures nombreuses dans les différentes branches des sciences ont développé nos connaissances ; le concours du dictionnaire, l’aide du lexique, l’assistance de l’étymologie, enfin la pratique journalière ont contribué puissamment à fixer dans la mémoire l’orthographe de maints noms douteux.

I. Mais le correcteur n’a point à solutionner seulement les cas douteux ; il faut encore parfois qu’il prenne ses responsabilités en indiquant, en fixant une orthographe contraire à celle de l’auteur.

« A priori[1], la tâche du correcteur paraît n’offrir aucune difficulté ou, tout au moins, semble devoir être singulièrement facilitée par le manuscrit lui-même. Cette erreur d’appréciation, fort courante parmi les personnes étrangères à l’imprimerie, provient de l’idée fausse que ces personnes possèdent du travail du correcteur. L’adage « suivez votre copie » a dépassé l’enceinte de l’imprimerie ; il est considéré non seulement comme un conseil, comme un précepte, mais aussi comme un ordre impératif ; toutefois, cet ordre porte en lui-même, pour l’intéressé qui le reçoit, un grave inconvénient : il laisse supposer une copie rigoureusement parfaite par le style, par l’orthographe et par la documentation, perfection qui oblige à une « reproduction exacte ». Quelques mois de pratique typographique suffisent pour démontrer l’erreur ainsi commise : tous les correcteurs savent combien rare est l’application rigoureuse d’une telle règle érigée en dogme.

« Nombre de fautes se rencontrent fréquemment dans les manuscrits : les noms propres n’ont pas d’orthographe régulière ; une confusion fréquente s’établit entre certaines lettres, telles u et n ; les finales d et t sont substituées l’une à l’autre ; l’accentuation grave ou aiguë de la lettre e est omise ; l’n ou l’m sont indifféremment employés devant b, p, m.

« On oublie souvent que alvéole, astérisque, effluves sont du genre

  1. M. J. Lemoine (Circulaire des Protes, n° 220, année 1914, p. 93).