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à des travaux plus importants : la réception du manuscrit, le cas échéant la revision sommaire de la copie, sa distribution, la préparation des épreuves pour le correcteur, la surveillance de la correction sur le plomb, la mise en placards et les envois de premières épreuves à l’auteur. Plus tard, viendront la réception des épreuves d’auteur, leur correction, puis la mise en pages et tout le cycle d’opérations accessoires qui précèdent ou accompagnent cette importante partie de la technique typographique.

Il est bon, au reste, de ne point laisser le correcteur sous les ordres du même metteur, toute la durée de son apprentissage. Il ne faut pas l’oublier, cet apprenti d’un genre tout spécial — dont l’intelligence est particulièrement ouverte et auquel son âge et ses études antérieures permettent de s’assimiler rapidement la science nouvelle qu’il étudie — doit acquérir en un temps déterminé le plus de connaissances qu’il est possible de posséder. L’on ne saurait, dès lors, négliger de l’initier, aussi complètement que le permettent les circonstances, à la composition des tableaux et des travaux de ville, à toutes les difficultés et à tous les ennuis de la correction sur le plomb. Il n’est point déplacé d’exprimer le souhait de lui voir confier, à plusieurs reprises, si l’organisation du travail de la Maison le permet, de modestes mises en pages, sous la surveillance du chef d’équipe.

Enfin, un poste auquel il est indispensable d’affecter le correcteur, au moins pendant quelques semaines, est celui de l’imposition[1]. On

  1. « Il est très bon de connaître les impositions, assurément, car l’on n’a pas partout l’avantage de recevoir la tierce pliée et même coupée et encartée (comme avec l’in-18), en sorte qu’il n’y a qu’à tourner les pages pour voir si elles sont dans leur ordre naturel, et, d’autre part, comme vous le dites excellemment, on peut être, malgré soi, appelé à devenir tierceur. Mais, comme il est dit dans Arnold Muller et dans Desormes, les combinaisons de l’imposition s’oublient vite si on ne les pratique pas constamment ; or les manuels sont faits pour ceux à qui la pratique manque. Il ne faut pas oublier non plus que des correcteurs très bien doués au point de vue lettres, très érudits, peuvent être inaptes aux mathématiques et aux combinaisons de l’imposition : ce serait grand dommage que, faute de pouvoir travailler au marbre, ou à la casse, ou aux machines, on les écarte de la correction. D’ailleurs, qu’est-ce qui oblige le tierceur à faire le calcul mental, à la manière des imposeurs ? Qu’est-ce qui l’empêche de plier sa tierce et de la feuilleter pour vérifier si l’imposition est juste ? » (M. L.)

    « Les combinaisons de l’imposition s’oublient vite », nous le reconnaissons ; mais est-ce une raison suffisante pour que, lors de son apprentissage, le correcteur néglige cette partie importante de la technique typographique qu’est l’imposition, et ne peut-on affirmer que, malgré les apparences, un jour venu, s’il est nécessaire, de son stage au marbre « il restera quelque chose » au tierceur ? D’ailleurs avons-nous dit