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nôtres. La place de la femme est au foyer ; elle doit consacrer tous ses soins à l’embellissement du logis, à l’éducation des enfants, à l’au-dedans. La présence de la femme à l’usine, à l’atelier, se concilie mal avec sa fonction sociale. Mais le respect est dû à l’épouse que des circonstances exceptionnelles éloignent de la maison, le respect est dû à la mère qui peine durement pour nourrir sa nichée, le respect est dû à la jeune fille qui vient en aide aux siens…, non sans risques pour elles-mêmes : car est-il bien sûr que le « correcteur femme » entrevu au bureau du patron ou du prote soit le seul coupable ? Qui se chargera de répondre ?

Il faut éviter le « correcteur femme », la chose est entendue ; mais, quand le mal existe, il n’est pas nécessaire de l’exaspérer par la lutte ouverte ou par le mépris déclaré ; ce n’est point le parti le meilleur, on l’a vu, dans notre corporation, en des circonstances presque analogues, avec la femme compositrice.

III. Les discussions nées de l’origine et du mode de recrutement des correcteurs n’ont rien qui s’embarrasse des questions ou des considérations un peu oiseuses que nous venons de passer rapidement en revue. Le sujet est tout autre, et la controverse bien plus intéressante : le correcteur « est souvent un compositeur intelligent qui se consacre à la lecture des épreuves » ; « ou bien c’est un déclassé, élevé au séminaire ou au collège, auquel la typographie a ouvert ses bras accueillants ».

Cette différence d’origine a donné naissance à deux thèses irréductibles auxquelles ni de côté ni d’autre on ne semble vouloir apporter de tempérament : partisans du correcteur exclusivement typographe, défenseurs de l’homme instruit ont tour à tour — parfois aussi à tort et à travers — vanté les avantages d’un système, exagéré les inconvénients de l’autre.

1° « Les correcteurs pris en dehors de la typographie sont trop souvent — disent les uns — des déclassés, prétentieux mécontents, croyant tout connaître et n’ayant aucune notion pratique de la composition. Ils négligent les corrections techniques, les coquilles, etc. ; par contre, ils veulent corriger les auteurs dans leur style, voire même dans leur doctrine. »