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de son bagage littéraire, scientifique et même grammatical ; ce bagage serait-il nul, cela paraît de peu d’importance.

Ou bien, on s’adresse à une personne qui inspire confiance par son savoir, mais qui ne connaît rien de l’imprimerie. Sans explication aucune, on lui confie un emploi pour lequel elle n’a pas été préparée, des fonctions qui ne manquent pas d’être compliquées et pleines de graves responsabilités.

Pour regrettables que soient ces faits, c’est ainsi, reconnaissons-le loyalement, que les choses se passent, et cela depuis longtemps. Malgré l’affirmation maintes fois répétée que l’imprimeur qui n’accorde pas à la correction l’importance, l’attention qu’elle mérite, méconnaît l’une des conditions essentielles de la bonne exécution de ses travaux et paraît dès lors fort peu se soucier du bon renom typographique de sa Maison, toute tentative de remédier à cette situation a jusqu’ici échoué.

Aussi ne faut-il point s’étonner de voir dans notre corporation toute cette catégorie de travailleurs intellectuels que forment les correcteurs particulièrement mal rétribuée et privée d’une considération à laquelle elle aurait légitimement droit.

Bien qu’un typographe ait réussi, après plusieurs années de pratique et un labeur constant, à acquérir les connaissances littéraires suffisantes pour mériter le titre de correcteur, pour s’imposer à tous ceux qui, dès ses débuts, le traitaient avec une vague condescendance d’égalité, ou se croyaient supérieurs à lui, son sort risque beaucoup de ne pas s’améliorer. — Bien qu’un érudit, après de longs efforts, après des mois d’application, d’observation et d’étude des manuels, soit enfin parvenu à une connaissance sérieuse des règles typographiques, connaissance qui le fait, au point de vue technique, l’égal de ses devanciers, cependant la valeur qu’on lui concède est toujours inférieure à celle de ses collègues. — Si ces deux correcteurs, le typographe et l’érudit, se remarquent dans l’imprimerie, s’ils se signalent à l’attention du personnel, ce ne sera certes jamais par… le montant de leurs appointements.

Mauvais débuts : telle est la principale raison de l’insuccès de la majorité des correcteurs qui se plaignent de leur situation. La cause en est dans le fait que le maître imprimeur — et son subordonné direct