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dissertation ? La démonstration sera plus complète : « Arias Montanus dirigea, à l’imprimerie Plantin d’Anvers, tout le travail de la Bible polyglotte. Il nous renseigne dans la préface de cet ouvrage et dans sa correspondance sur les collaborateurs qui l’assistèrent dans sa lourde tâche et sur la part que chacun prit à l’œuvre commune : « Nous avons encore cinq correcteurs qui m’aident, écrit-il le 6 avril 1569 ; deux d’entre eux connaissent toutes les langues, trois entendent le grec et le latin ; il y a, en outre, moi-même et mon aide avec lequel je revois les textes dans toutes les langues. » Par son aide principal il faut entendre François de Raphelengien[1], le gendre de Plantin ; par les deux savants qui connaissent toutes les langues, les frères Guy et Nicolas Le Fevre de La Boderie ; et par les trois autres, les correcteurs ordinaires de l’imprimerie qui étaient en ce moment Corneille Kiel[2], Théodore Kemp et Antoine Spitaels[3]. »

Sans dire qu’il « connaissait toutes les langues », on peut affirmer qu’il « entendait au moins, lui aussi, le grec et le latin », ce « Guillaume Guéroult[4], natif de Rouan en Normandie, poëte françois », qualifié de traducteur : alors qu’il était « prélecteur d’imprimerie » en la bonne ville de Lyon, il épousa Jaquette Barbou, fille de Jean Barbou[5] et sœur de Hugues Barbou[6], l’auteur de la dynastie typographique dont s’illustra longtemps l’antique cité capitale du Limousin[7].

Au surplus, au pays de Kiliaan, de Raphelengien et de Juste Lipse, l’accès aux fonctions de correcteur n’était point exempt de quelque formalité : « Aux Pays-Bas, les commissaires députés à l’inspection des imprimeries étaient tenus de s’assurer de la capacité des correcteurs, d’inscrire leurs noms, le lieu et la date de leur naissance, le nom de leurs parents et leur manière de vivre. Ils examinaient les récipiendaires sur les langues dans lesquelles ceux-ci voulaient corriger[8]. »

  1. Voir pages 85 et 504.
  2. Nous l’appelons plus volontiers Kiliaan. — Voir pagus 81 et 502.
  3. Max Rooses, Christophe Plantin, imprimeur anversois.
  4. Voir encore page 458.
  5. Jean Barbou dit Normand, né vers 1489 à Saussay près Coutances, imprimeur à Lyon vers 1529, mort en 1542. — Guillaume Guéroult était, on le voit, chez un compatriote.
  6. Hugues Barbou, fils de Jean, né à Lyon le 24 janvier 1538 ; établi d’abord à Lyon où il exerça au moins jusqu’en l’année 1566, Hugues Barbou transporta ses presses à Limoges où il décéda le 30 novembre 1603.
  7. D’après Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 5e série, p. 2 et 6.
  8. Max Rooses, Christophe Plantin, imprimeur anversois, p. 204.