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vous en prie, venez, ne fût-ce que pour être témoin de ce merveilleux changement. Écrivez-moi par le retour du courrier, dites-moi quand vos vacances commencent ; vous vous mettrez en route le jour suivant et demeurerez ici jusqu’à la veille du jour où elles finiront, prenant pitié de

Votre affectionnée,
Rosalie Ashby


Je montrai cette étrange épître à ma mère et la consultai sur ce que je devais faire. Elle me conseilla d’aller, et je partis assez désireuse de voir Lady Ashby et aussi son enfant, et de faire pour elle tout ce que je pourrais, en manière de consolation ou d’avis ; j’imaginais qu’elle ne devait pas être heureuse, car elle ne se fût pas adressée à moi ainsi. En acceptant son invitation, on le comprendra aisément, je faisais un grand sacrifice pour elle ; je faisais violence à mes sentiments de plus d’une façon, au lieu de me réjouir de l’honorable distinction que croyait me faire la femme du baronnet en m’invitant à l’aller voir, en qualité d’amie. Je résolus de ne pas faire durer ma visite plus de quelques jours, et je ne nierai pas que je tirais quelque consolation de l’idée qu’Ashby-Park n’étant pas très-éloigné d’Horton, je pourrais peut-être voir M. Weston, ou au moins apprendre de ses nouvelles.




CHAPITRE XXII.

La visite.


Ashby-Park était assurément une délicieuse résidence. La maison était majestueuse au dehors, commode et élégante au dedans ; le parc était vaste et magnifique, surtout par ses beaux vieux arbres, ses troupeaux de daims, ses larges pièces d’eau, et l’ancienne forêt qui s’étendait au delà ; car il n’y avait aucun de ces accidents de terrain qui donnent de la variété au paysage, et très-peu de ces ondulations qui ajoutent tant au charme de la vue d’un parc. C’était là le domaine que Rosalie Murray avait tant désiré appeler sien, dont elle vou-